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Aux sources du rire moliéresque
Ramon Fernandez   Molière ou l’essence du génie comique
Grasset - Cahiers Rouges 2000 /  8.7 € - 56.99 ffr. / 250 pages
ISBN : 2-246-07532-7
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La vie de Molière, titre sous lequel parut l’essai de Ramon Fernandez en 1929, nous éclaire sur le choix de la méthode critique de l’auteur, axée sur une conception dynamique de la personnalité. Il pose la création comme miroir d’une vie et l’oeuvre comme expression de la volonté. Dans cette optique, il lui est possible, malgré la rareté des documents biographiques, de retracer le chemin parcouru par Molière en liant intimement les oeuvres à leur auteur. Ce procédé critique donne à cet ouvrage une certaine dynamique absente de la plupart des innombrables études actuellement disponibles sur le sujet.

Molière ou l’essence du génie comique se lit comme l’histoire d’une vie vouée entièrement à la création. Ramon Fernandez nous fait remonter à ses origines pour ensuite dégager au cours d’une étude chronologique des oeuvres les conquêtes progressives du génie de Molière. Ainsi dégage t-il successivement ce qui en fait l’essence, que ce soit sur le plan des acquis proprement théâtraux ou sur celui plus théorique de sa conception philosophique de ce comique.

Commençant sa carrière par une tentative de rapprochement entre le spectacle et le spectateur, il souhaite dans un premier temps éveiller chez ce dernier un intérêt pour l’action théâtrale similaire à une affaire pouvant se dérouler sous son propre toit. Cependant, on voit Molière au fil du temps et de ses écrits se désintéresser des leçons de morale, ce qui le conduit nécessairement à s’éloigner des thèmes et des caractères de la vie quotidienne en atténuant les ressemblances extérieures entre ses personnages et son public.

A travers cette évolution, parallèle à celle en cours en ce milieu du dix-septième siècle, Fernandez tente de remonter aux sources du rire moliéresque. Son art consisterait en une imitation critique au cours de laquelle la signification des actes serait immédiatement donnée. Ainsi, dans une pure transparence au vrai et au faux, le jugement ferait-il le ridicule de la conduite observée. S’appuyant sur le burlesque de ses personnages et thèmes principaux, Molière prend soin de détourner vers le rire les émotions que le sujet pourrait faire naître. De plus, par la vivacité des oppositions qu’il met en scène, il accentue l’incohérence de ses personnages, ce qui participe activement au comique. Molière nous enseigne donc l’art de se voir malgré soi par le biais de son mode d’expression privilégié : la comédie.

Ramon Fernandez n’innove guère sur des trouvailles déjà fortement exploitées par la critique universitaire. Mais ce qui fait son originalité, c’est avant tout sa démarche critique qui a le mérite de nous faire découvrir à travers une étude approfondie de chacune des pièces la vérité intime d’un auteur loin de ses "légendes biographiques accumulées".

L’oeuvre de Fernandez a été longtemps méconnue, malgré la validité de ses procédés critiques mis aux services de l’étude d’auteurs tels que Proust, Gide ou Balzac, pour ne citer que les plus connus. En effet, ces ouvrages ont longtemps souffert du parcours déroutant de leur auteur : adhésion au parti socialiste, flirt avec le parti communiste pour finir au côté de Drieu La Rochelle, pilier de la NRF collaborationniste sous l’occupation allemande.

Ce parcours, s’il explique que notre auteur soit resté dans l’ombre plusieurs décennies durant ne justifie pas que celui-ci tombe dans l’oubli. Il est temps aujourd’hui de lui rendre sa place parmi les plus grands novateurs en matière de critique littéraire de ce siècle. C’est ce que fait Grasset en nous proposant ici cet essai irradié par une langue nerveuse et limpide, à cent lieues du jargon universitaire, réhabilitant ainsi Ramon Fernandez, injustement méconnu.


Emilie Wemaëre
( Mis en ligne le 05/04/2001 )
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