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L’instant tanné
Philippe Delerm   Martine Delerm   Paris l'instant
Le Livre de Poche 2004 /  5.00 € - 32.75 ffr. / 162 pages
ISBN : 2-253-07259-1
FORMAT : 11 x 18 cm

Cet ouvrage est paru la première fois en octobre 2002 (Fayard)
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«Les hommes auront Sodome, les femmes auront Gomorrhe», disait la Bible. C’était il y a deux mille ans. Aujourd’hui, l’Amérique a les Osbourne, la France a les Delerm. Voilà cinq ans que Philippe prêche le bonheur des petits riens dont la première gorgée de bière est devenue le symbole (c’est toute la différence avec Ozzy Osbourne qui, lui, se demande encore si ce n’est pas la deuxième, la troisième, ou peut-être bien la quinzième gorgée qui est la meilleure). Martine Delerm, elle, s’exprime à travers ses images. Parfois en duo avec Philippe, avec des illustrations pour Fragiles (Le Seuil, 2001) ou des photographies, pour leur dernier ouvrage paru en octobre chez Fayard. Son grain à elle n’a pas grand-chose à voir avec celui de Sharon, la femme d’Ozzy. Quant à Vincent, le fils Delerm, son premier album est en passe de faire de lui le héraut de la nouvelle génération de la chanson française. Que fait Kelly (la fille) Osbourne ? Elle se contente de reprendre à son compte un vieux tube de Madonna... Mais à quoi se dopent-ils, ces trois-là, pour parvenir à faire passer comme une lettre à la poste leur leitmotiv poétique ? Il paraît pourtant que l’époque est aux piques. Davantage aux pertuisanes qu’aux partisans de la douceur. Ils doivent bien avoir un secret de famille. N’importe ; l’Amérique a les Osbourne, la France a les Delerm et à tout prendre, on est sans doute mieux de ce côté-ci de l’Atlantique.

Pourtant, Philippe et Martine, on voulait vous dire : on aurait aimé passer avec vous à la vitesse supérieure. Paris l’instant est un beau livre, on ne peut pas le nier. Le papier est épais, la mise en page soignée, les photos bien imprimées. Tout provincial reconnaîtra Paris vu par-le-petit-bout-de-la-lorgnette. Tout Parisien aussi et il se souviendra forcément, en feuilletant ce livre, de moments de vie. Et en lisant ces textes : oui, c’est bien cela en effet, ces instants typiquement parisiens, ces impressions quasi photographiques qui s’offrent à chacun pour peu qu’il veuille se donner la peine de regarder. Les divisions du Père-Lachaise, les boutiques sous les arcades du Palais-Royal, le poste d’observation privilégié que doivent constituer les chambres de bonne, la fausse magie de Noël derrière les vitrines des grands magasins... En ce sens, le dialogue texte et images fonctionne bien. C’est même plus qu’un dialogue, c’est un pas double qui se promène dans la ville ; un paso-doble. Mais peut-être, Philippe et Martine, auriez-vous pu vous lancer un défi ? Mettre à l’épreuve d’autres tableaux ce regard un peu toujours le même ? Titiller cette théorie du bonheur tapi dans les petites choses ? Peut-être auriez-vous pu essayer, par exemple, de saisir l’instant d’après ?

Parce qu’au bout d’un moment, à force de cultiver les images faciles et la banalité des situations, nous, on a presque envie de faire comme Dalida quand elle chantait son petit bonheur : la prochaine fois qu’on en croise un, faire un grand détour ou bien se fermer les yeux. Rechercher un bonheur plus exigeant. Bien sûr, il faut reconnaître qu’il y a un rythme, une musique dans tout ça : « Paris de l’eau qui sourd, souvent solennelle et brutale dans son jaillissement, mais qui bientôt retombe et s’adoucit pour calmer, protéger. Tant de poussière blanche vole aux chaleurs étonnées. La ville a ses déserts pour inventer ses oasis, statues cracheuses impérieuses ou petits édicules biscornus, cariatides potelées, bassins flâneurs où tanguent des voiliers. » Mais tout de même ! « Un jour vous aurez envie d’une vraie soupe à l’oignon. Très tard, sans doute, après une longue soirée d’errance, une histoire d’amour qui se prend un coup de blues avec la fatigue, un frisson le long du dos, ce n’est rien, juste un peu froid. » La lecture de Paris l’instant laisse sur sa faim de sensations. L’oeil de Delerm semble se repaître de perspectives déjà tracées, sa plume, de sillons déjà creusés. Tout cela est un peu convenu. Dommage.


Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 03/04/2004 )
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