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| Poches -> Littérature |
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D’un salaud, de son fils et de ses femmes | | | Milena Moser C'est pas le pied !
Le Livre de Poche 2006 / 6.50 € - 42.58 ffr. / 280 pages
ISBN : 2-253-11553-3
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm
Première publication française en mai 2004 (Calmann-Lévy).
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Milena Moser est un auteur suisse bénéficiant dun succès destime avec cinq romans dont voici le dernier, aujourd'hui au format poche. Tous publiés chez Calmann-Lévy, LÎle des femmes de ménage (1994), A quoi rêvent les blondes (1995), Mon père et autres imposteurs (1996), Cur dartichaut (2002) et, en 2004, Cest pas le pied !, tournent tous autour des mêmes thèmes : une satire sociale bien sentie, sur les travers de sociétés occidentales en perte de valeurs ; une peinture de la condition féminine où le ton engagé, tout en sabrant les hommes, nempêche pas des esquisses en demie teinte de femmes chez qui un côté parfois trop midinette, parfois trop artificiel, explique aussi leurs malheurs ; un style frais et blagueur, confinant parfois à lhumour noir.
Ce dernier roman ne déroge pas à la règle. Sur une construction polyphonique, lauteur décrit la vie dune famille suisse immigrée aux Etats-Unis, à San Francisco plus précisément. Frank est un père de famille investi dune mission divine ; porteur de la bonne parole, il devient prédicateur pour surfeurs et cantinières, ce qui ne lempêche pas de déroger à la morale chrétienne. Sa femme, Lily, est un bouton mal éclos, anciennement maîtresse de Frank, jusquà ce que Stella, lépouse en titre, se suicide. Le drame est dailleurs la cause de lexil de la famille recomposée. Ce qui nempêche pas Stella, créature de lau-delà, de venir hanter et protéger les nouveaux arrivés. Enfin, Léo, fils de Stella, est un jeune adolescent qui découvre lAmérique en la compagnie dAlice, copine et voisine, fille dune rock-star carapatée à Las Vegas et de Rhonda, exemplaire et déjantée mère au foyer !
Le récit alterne trois points de vue : Lily, Léo et Stella (fantôme, donc) se succèdent dans lévocation de ladaptation de cette famille à lunivers made in USA, et une intrigue mêlant la recherche du père dAlice, un meurtre mystérieux à lécole où travaille Lily et la raison du suicide de Stella. La plume altière nempêche pas la gravité du propos ; elle la renforce même. Car, derrière le verni rutilant dune société en technicolor, surfeurs blondinets et bronzés, cantine roses et chromées, communautarisme sympathique, etc., cest dadultère, de maltraitance, de pédophilie et dalcoolisme que nous parle Milena Moser.
Le ton décalé rappelle les uvres audiovisuelles dAlan Ball, quil sagisse du superbe American beauty ou de la désormais série mythique Six feet under. Un gage de bon moment littéraire donc, de rires grinçants au fil des pages, en suivant une intrigue bien menée et très prenante.
Bruno Portesi
( Mis en ligne le 19/01/2007 )
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