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La vie est belle ?
Nick Hornby   Vous descendez ?
10/18 - Domaine étranger 2006 /  7.80 € - 51.09 ffr. / 333 pages
ISBN : Nicolas Richard
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Première publication française en avril 2005 (Plon).

Traduction de Nicolas Richard.

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Que faire pour le réveillon du Nouvel An quand on est un ex-présentateur de télévision à succès, voué à l'opprobre pour une bête affaire de mœurs, et largué depuis par femme et enfants ? Que faire de cette soirée spéciale quand on a dix-huit ans, des parents "blairistes" bien-pensants et de sérieux problèmes émotionnels ? Comment passer le cap d'une nouvelle année, quand, la trentaine venue, on se retrouve à livrer des pizzas pour survivre alors que l'on rêvait de gloire musicale ? Ou pire, quand on a pour seul horizon la vie végétative d'un fils lourdement handicapé ?

La réponse est la même dans chacun des cas : se retrouver sur le toit d'un immeuble. Pas dans l'intention d'y faire une bringue à tout casser pour oublier ses soucis et prendre de bonnes résolutions. Pour sauter. Tout simplement. Se jeter par-dessus bord et laisser derrière soi ce monde cruel et le fardeau trop lourd à porter d'une vie "foireuse". Ce projet morbide, Martin, Jess, JJ et Maureen l'ont en commun. Un projet qui aurait pu aboutir s'ils avaient été seuls au moment de franchir le pas. Mais leur rencontre au sommet de cet immeuble londonien, qui sert de point de départ à ce roman de Nick Hornby, va évidemment compliquer les choses, ébranler les résolutions et en reporter l'exécution. Véritables anti-héros, ratés relatifs, les quatre suicidaires sont aussi différents que possible les uns des autres. Tout sépare Maureen, mère dévouée au bout du rouleau et quinquagénaire réservée, de Jess, la pile électrique grande gueule qui casse tout ce qu'elle touche. Martin, condamné aux basses œuvres sur une chaîne télé minable, n'a pas grand-chose de l'idéaliste JJ, honnête musicien américain qui ne sera jamais une star.

C'est cette opposition de caractères qui fait le sujet premier du livre. Vous descendez ? est une histoire d'amitiés et surtout d'inimitiés, de connivences et surtout d'incompréhensions. Donnant alternativement la parole à chacun de ses personnages, dans des chapitres courts où les points de vue se répondent et se complètent, Nick Hornby dessine d'emblée les contours d'un quatuor de hasard et mal assorti. Puis il creuse le trait, plonge plus profond dans les motivations et les contradictions de chacun et, tandis que ses personnages s'apprivoisent tant bien que mal, finit par brosser un portrait de groupe amusant. La rédemption sera-t-elle au bout du chemin pour les suicidaires du Nouvel An ? Au lecteur de le découvrir.

Le grand mérite du roman réside dans la qualité de conteur de Nick Hornby. Le rythme et la fluidité de son écriture, émaillée d'expressions drôles, de remarques qui sonnent juste et de réflexions saugrenues en apparence, mais qui touchent parce qu'elles sont modestement humaines, confirment le talent de l'écrivain. Qui plus est, en dotant chaque personnage de son style d'expression propre, il varie les tons et compose un mélange efficace de parler populaire, voire argotique, et de notations plus recherchées. Pour Jess, la peste tout juste sortie de l'adolescence, cela donne un gros mot toutes les deux phrases et des réflexions imagées, du genre : "Tout le monde passe par une phase de vol dans les magasins, pas vrai ? Je veux dire, de la vraie chourave, à la Wynona Rider, sacs à mains, vêtements et tout le tralala, pas des stylos et des bonbons. On goûte à ça juste après les poneys et les boys bands, et juste avant le shit et la baise." Pour Maureen, c'est plus académique et souvent grave : "Vous savez que les choses ne vont pas bien pour vous quand vous ne pouvez même pas raconter aux gens les faits les plus simples de votre vie, simplement parce qu'ils penseront que vous leur demandez de vous plaindre. Je suppose que c'est pour cette raison que nous finissons par nous éloigner des autres; tout ce que vous avez envie de leur raconter finit par les angoisser."

Ce qui est moins satisfaisant, en revanche, c'est que malgré l'humour, malgré la variété de l'écriture, et en dépit de réflexions bien vues sur les ratés de la vie, Nick Hornby peine à faire rebondir son récit. D'un point de départ qui n'est déjà plus tellement original en soi, il lance une histoire dont il ne parvient jamais vraiment à hausser le niveau par la suite. Il manque un fil conducteur, un souffle, une vision, un "on ne sait quoi" qui transcenderait le tout pour faire de Vous descendez ? un vrai grand roman. De fait, le lecteur éprouve par moments de la lassitude et relâche son attention.

Comme pour ces élèves brillants dont on attend plus que les autres, même quand ils font bien leur travail, on se permettra - gentiment - d'apposer sur la dernière copie de Nick Hornby la mention : "peut (encore) mieux faire".


François Gandon
( Mis en ligne le 10/07/2006 )
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