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Fils de Gengis Khan, me suivrez-vous ?
Vladimir Pozner   Le Mors aux dents
Actes Sud - Babel 2005 /  9.00 € - 58.95 ffr. / 338 pages
ISBN : 2-7427-5682-5
FORMAT : 11 x 17 cm
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«L’Occident meurt, frappé par la peste révolutionnaire. Plus de Prince, plus d’armées. Les esclaves ont oublié la loi. Le temps est venu de bâtir à nouveau l’Empire des grands khans.» Celui qui, durant l’hiver 1920, exhorte ainsi les Mongols à rallier sa cause n’est autre que Ungern, le «Baron sanglant», ce fer de lance méconnu de la lutte contre le bolchevisme.

Organisant la résistance à la «vermine rouge» dans les confins de la Russie, ce personnage professe un credo simplissime (la restauration du féodalisme et de la puissance du Tsar) et sa mégalomanie le pousse à se croire investi d’un destin. Il apparaît tour à tour comme un maître de guerre ivre de pouvoir, imprévisible et cruel ; un illuminé séduit un temps par le bouddhisme et superstitieux au point de consulter des oracles qu’il révise à sa guise ; ou «le dernier homme» de la noble caste qu’il représente. Son périple s’achèvera aux portes de l’imprenable Ourga, après la défection de ses alliés et la rébellion de ses plus fidèles officiers. Arrêté en juillet 1921 après des jours d’errance solitaire en forêt, il sera fusillé au terme d’un procès expéditif. Pourtant, le raffinement des supplices qu’il imposa à ceux qui osaient lui désobéir est entré dans la légende, tant et si bien que certains sont persuadés que Ungern hante encore les steppes et reviendra combattre, telle l’incarnation, en négatif, d’un mythe sébastianiste à la slave.

Le récit est placé sous l’égide de Blaise Cendrars, celui qui signait «ma main amie» ses lettres à Vladimir Pozner. Chargé par son éditeur de diriger la collection de vies d’aventuriers, le bourlingueur lui commande la biographie d’une tête brûlée russe. La galerie qui s’offre regorge de nihilistes, d’épileptiques, de poètes duellistes et de popes déments, on s’en doute, mais Pozner décide abruptement de se pencher sur le passé immédiat de son pays. Ungern, justement prénommé Roman, déboule alors dans sa mémoire comme un cheval fou ; les recherches commencent, avec leur cortège de presse dépouillée, d’heures passées dans le silence des bibliothèques, de témoignages recueillis auprès de la famille ou de quelque chauffeur de taxi issu de l’immigration blanche.

Le Mors aux dents n’a rien à envier à la frénésie d’un Moravagine. Menée bride abattue, la prose halète et se hachure. Froide comme la pupille d’un Balte, l’écriture de Pozner est une lame de tachour qui plonge jusqu’à la garde. Elle frôle et perce comme une bourrasque sibérienne. Comme le vent de l’histoire, elle charrie des odeurs de chair calcinée, des cris de femme qu’on moleste, des ordres aboyés, des lamentations.

La collection Babel ne pouvait donc mieux commémorer le centenaire de la naissance de Vladimir Pozner qu’en republiant son texte le plus cravaché.


Frédéric Saenen
( Mis en ligne le 04/11/2005 )
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