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| Poches -> Littérature |
| Yasmina Khadra L'Attentat
Pocket 2005 / 9 € - 58.95 ffr. / 245 pages
ISBN : 978-2-266-18777-0
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm
Première publication en août 2005 (Julliard).
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Y a-t-il situation plus difficile à vivre que celle de citoyen israélien d'origine arabe ? Comment vivre heureux dans un pays où lon vous rappelle sans cesse que vous n'avez pas la gueule de l'emploi. Alors qu'à quelques encablures de chez vous, vos frères se battent et des enfants meurent contre des chars pour la reconnaissance d'un État ? Deux solutions extrêmes. Celle de l'exemplarité, telle que l'a choisie Amine, talentueux chirurgien arabe de Tel-Aviv, devenu Israélien, qui vit dans un quartier huppé, reconnu de tous, même de ceux qui ont du mal avec sa réussite à cause de ses racines. Aucun faux pas ne lui est autorisé, car il incarne la réussite de la politique d'intégration israélienne. L'autre solution, tout aussi extrême, est celle choisie par la kamikaze qui se fait exploser dans un restaurant de la ville, portant la mort au lieu de la vie sous sa robe de grossesse.
En quelques heures, lexistence bien ordonnée d'Amine s'effondre, et avec elle toutes les certitudes de cet humaniste, lorsqu'il apprend, après avoir opéré les victimes de l'attentat toute la journée durant, que la kamikaze n'est autre que son épouse bien aimée. L'interrogatoire musclé auquel il est soumis n'est rien au regard du doute qui l'assaille, lui qui n'a rien vu venir, qui croyait rendre sa femme heureuse.
Yasmina Khadra, alias Mohammed Moulessehoul, consacre ce roman au sacrifice suprême auquel poussent les luttes intestines entre Israël et Palestine. Avec beaucoup de finesse, il lance son personnage, Amine, en quête de la vérité, du moteur des kamikazes. De Bethléem à Janin, son voyage initiatique l'amène à se jeter aveuglément à la suite des fanatiques ayant pu endoctriner sa femme Sihem. L'auteur lève au fil des rencontres le coin du voile sur la situation en Palestine. L'écriture recourt à la poétique d'un Khalil Gibran dans l'évocation des villes témoins des désordres entre Israéliens et Palestiniens, comme l'emblématique Jérusalem, qui apparaît «partagée entre un orgasme d'odalisque et sa retenue de sainte», laissant de la sorte l'imaginaire transcender la dureté de l'histoire et de l'actualité pour mieux réinvestir les lieux.
Amine, qui se débat dans un drame humain et identitaire, se laisse lentement couler, ayant perdu le goût de la vie. Pour finalement réaliser face à son neveu Adel, à cause de qui sa femme a découvert La cause et ses réseaux, que «l'unique combat en quoi [il] croit et qui mériterait vraiment que l'on se saigne pour lui est celui du chirurgien (
) et qui consiste à réinventer la vie là où la mort a choisi d'opérer». Mais l'aventure s'achève comme elle a commencé, dans une sanglante épanadiplose, lorsque tout explose autour d'Amine sous un tir de drone. La mort vient délivrer Amine, qui nous livre une morale aux antipodes des valeurs martiales et fanatiques : «on peut tout te prendre; (
)- il te restera toujours tes rêves pour réinventer le monde que l'on t'a confisqué».
Amélie Castaing
( Mis en ligne le 18/12/2008 )
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