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Un très grand Nancy Huston.
Nancy Huston   Lignes de faille
Actes Sud - Babel 2007 /  9.50 € - 62.23 ffr. / 496 pages
ISBN : 978-2-7427-6936-0
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Première publication en août 2006 (Actes Sud).
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Le roman s’ouvre par le monologue intérieur d’un petit garçon de six ans, Sol. Un sale gamin, soit dit en passant. Petit tyran en herbe à l’ego démesuré, conservateur bushiste en culotte courte, tête à claques uniquement préoccupé de sa petite personne et de la consistance de son caca. Il raconte sa vie, décrit sa famille, sa mère Tess qui le choie (trop !), son père, Randall, son insupportable grand-mère d’Israël, Sadie, sa charismatique arrière grand-mère Kristina, dite Erra. Il assiste, finalement impuissant, aux tensions familiales entre les différentes générations, livrant des bribes décousues d’une histoire complexe et conflictuelle.

La parole est ensuite donnée au père, Randall. Mais quand il avait lui aussi six ans. Nouvelle voix d’enfant donc, petit bonhomme confronté à son père adoré, mais surtout à Sadie, sa mère absente, autoritaire, préoccupée par ses recherches historiques et familiales sur les «fontaines de vie» du régime nazi. Viendront ensuite les deux autres monologues enfantins de la lignée : Sadie, triste gamine maladroite en manque de présence et de chaleur maternelle, puis Kristina, petite Ukrainienne confiée, dans le cadre du programme de germanisation des enfants étrangers, à une bonne famille allemande.

Cette plongée à rebours dans l’histoire familiale, vue à travers le prisme des douleurs et des joies d’enfants de six ans, procède comme une révélation continue. Chaque récit éclaire le précédent, permet de comprendre les «lignes de failles» des secousses sismiques familiales auxquelles on assistait d’abord dans l’incompréhension. L’enfant éclaire l’adulte qu’il va devenir, mais rend aussi les personnages chaque fois plus denses, plus complexes, plus profonds. Chaque histoire se réécrit quand vient la suivante, le roman semble en perpétuel mouvement, une danse qui lèverait progressivement tous les voiles des névroses familiales. Et après avoir laissé Kristina se taire à la fin de l’ouvrage, on se surprend à reprendre le livre à son début, à laisser à nouveau parler Sol, pour revisiter son histoire.

Ce faisant, Lignes de failles nous fait réfléchir sur l’enfant qu’on était, l’adulte qu’on devient, le poids des passés, la construction complexe des personnalités, entre reproduction et résilience. On y retrouve toutes les lignes directrices de l’oeuvre de Nancy Huston. La réflexion centrale sur la maternité - si présente dans La Virevolte (1994) ou dans L’Empreinte de l’ange (1998) - et partant sur le rôle des pères et sur la place de l’enfant ; le choix narratif de la polyphonie - Prodige (1999) ou Une Adoration (2003) ; l’attachement à la langue, langue maternelle, apprise, oubliée, utilisée ou tue – Nord perdu (1999). Mais il n’y a pourtant aucune impression de déjà-vu, de déjà lu. Si l’oeuvre de Nancy Huston a une incontestable unicité, chaque roman n’en est pas moins unique. Et celui-ci est l’un des plus réussis.


Mathilde Larrère
( Mis en ligne le 29/10/2007 )
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