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Une histoire qui aurait pu être un roman | | | Nuala O'Faolain L'Histoire de Chicago May 10/18 - Domaine étranger 2008 / 8,60 € - 56.33 ffr. ISBN : 978-2-264-04607-9 FORMAT : 11,0cm x 18,0cm
Première publication française en août 2006 (Sabine Wespieser éditeur). Imprimer
Chicago May, de son vrai nom May Duignan, était une irlandaise pauvre qui, en 1890, quitta son pays et émigra aux États-Unis. Rien que de très banal en somme. Ce qui est moins banal cest que May Duignan a laissé derrière elle des mémoires : Chicago May. Son histoire. Un document humain par «la reine des criminelles». À partir de ce «document humain», un historien de son comté natal de louest de lIrlande écrivit une biographie de May. Voilà les deux sources principales du roman de Nuala oFaolain.
Mais est-ce un roman ? La couverture lannonce, mais le récit ne le confirme guère. Irlandaise, lauteur cherche à suivre les traces dune autre Irlandaise à travers les étapes dune vie à la fois ordinaire et hors du commun. Elle décrit les lieux où elle vécut, les atmosphères dans lesquelles elle évolua, les personnages dont elle croisa le destin. Des photos illustrent ce parcours et certaines de ses rencontres. À chaque étape, elle imagine ce que May a pu penser et ressentir. Elle compare le récit de May à ce que lon sait par ailleurs des épisodes auxquels elle fut mêlée. Cest donc davantage une biographie dans laquelle les questions font au moins jeu égal avec les réponses, ou avec les connaissances, une enquête, par moment une quête, quun roman.
Pourtant, la vie de May ressemble bien à un roman. Bien sûr, ce fut une vie ordinaire dans ses grandes lignes. Immigrée irlandaise aux Etats-Unis (après être partie nuitamment avec les économies de la famille), elle vécut dans les bas-fonds des grandes métropoles : Chicago, où elle gagna son surnom, et New York. On est en plein Gangs of New York de Herbert Asbury (adapté en 2002 par Martin Scorcese). Cétait de véritables jungles de violence et de misère, gangrenées par la corruption, où, pour survivre, May dut se prostituer, comme nombre de femmes dans sa situation. Elle mourut à Philadelphie en 1929, lannée du Krach de Wall street comme le rappelle Nuala oFaolain. Mais entre-temps, que de choses hors du commun ont donné du relief à ce parcours ordinaire ! Au gré des mariages et des aventures, May connut les derniers moments du Far West, où elle croisa les frères Dalton. A Chicago, elle nétait pas une simple prostituée, mais aussi une voleuse très habille qui plumait ses clients. À partir de là, elle ne quitta complètement aucun de ces deux univers, ce qui lui permet de sautoproclamer «reine des criminelles». Il y eu ensuite lÉgypte, lAmérique du Sud, Londres, Paris et le casse de lAmerican Express, dix ans de prison en Angleterre, puis retour au États-Unis. Bref, une vie bien remplie à défaut dêtre bien enviable.
Le travail de Nuala oFaolain est extrêmement documenté. Cest une véritable plongée dans lenvers du rêve américain, au moment où le pays entrait dans la modernité. On a là une idée des souffrances dont cet essor sest payé. Nuala oFaolain sest visiblement sentie très proche de Chicago May, tout en parvenant difficilement à comprendre intimement ce quelle vécut. Mais le récit lasse très vite. Les mêmes questions reviennent sans cesse. Les personnages ne parviennent à être ni attachants, ni mêmes intéressants. Peut-être lapproche de Nuala oFaolain est-elle trop personnelle pour être facilement partagée ?
Antoine Picardat ( Mis en ligne le 05/06/2008 ) Imprimer
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