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Billy et Cie...
Daniel Keyes   Les Mille et une vies de Billy Milligan
Le Livre de Poche 2009 /  7,50 € - 49.13 ffr. / 636 pages
ISBN : 978-2-253-12502-0
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Première publication française en septembre 2007 (Calmann-Lévy).
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Chacun se souvient du roman de Daniel Keyes Des fleurs pour Algernon ; succès mondial, il a, de façon paradoxale, nui à son auteur en le réduisant à être l’homme d’un seul livre. Pourtant, ce «jeune homme» (il est né en 1927) a derrière lui une œuvre importante, en particulier dans le domaine de la science fiction.

Pour comprendre Les Mille et une vies de Billy Milligan, il faut rappeler que dans les années 70, aux États-Unis, à la suite d’une série d’affaires judiciaires, des psychiatres, derrière Cornelia Wilbur, identifient une pathologie qu’ils nomment «personnalités multiples». L’individu atteint serait «habité» par un nombre variable de «personnalités» (de 2 à plus de 40 !) qui, tour à tour, prendraient le pas et dirigeraient sa conscience. Personnalités qu’il aurait en fait créées pour résister à des situations de tension ou de souffrance insupportables, mais dont il aurait perdu la conscience. On reconnaît des principes généraux : les troubles atteignent des personnes qui ont durant leur enfance subi de graves traumatismes (violences sexuelles ou autres), et les personnalités répondent à des rôles : le «protecteur», un ou des individus violents, une forme enfantine…

Après avoir connu un vaste engouement, au point qu’on a pu évoquer une «épidémie», ces pathologies semblent aujourd’hui moins nombreuses. Tout au long des année 70/80, ces diagnostics, loin d’entraîner une adhésion générale, ont suscité un vif débat et des psychiatres américains ont proposé une autre dénomination : troubles de l’identité dissociée. Notons qu’on n’a observé cette pathologie qu’aux États-Unis, les psychiatres européens demeurant réservés sur le sujet. C’est dans ce contexte qu’est paru le livre de Daniel Keyes : The Minds of Billy Milligan, édité à New York (Random House, 1981) et dont les droits ont été achetés par la Warner pour le film The Crowded room (réalisateur, Joel Schumacher). Les éditions Balland l’avaient édité en 1982 sous le titre de L’Homme aux 24 personnalités. Il fut repris en 2007 par les éditions Calmann Lévy avec une nouvelle traduction. Et il sort aujourd'hui en version "poche".

Il ne s’agit pas d’un roman, mais du récit que fait Daniel Keyes de sa rencontre avec Billy Milligan, jeune homme accusé de viol aux États-Unis. Ses avocats, s’appuyant sur les témoignages de psychiatres reconnus, ont démontré qu’il était atteint du syndrome de personnalités multiples, et pour la première fois ont obtenu un acquittement de l’accusé en raison de ce diagnostic accepté par le tribunal. C’est la psychologue chargée par la prison d’un entretien avec Billy Milligan qui la première reçut les confidences d’une des personnalités de Billy. Peu à peu, elle découvre que «Billy» dort depuis plusieurs années, protégé par des personnalités qui l’habitent : Arthur au look de gentleman anglais, Ragen, yougoslave qui se charge des actions violentes, Adalena, la tendre lesbienne qui aurait été la responsable du viol, Christine, la fillette de 3 ans ; au total, 24 individus qui se partagent la vie de Billy, tandis que celui-ci dort, sans savoir que les uns et les autres se placent régulièrement «sous le projecteur», c’est à dire interviennent en son nom.

Chacun a ses talents et son rôle propre, un âge différent, ils se succèdent et ignorent en partie ce qui se passe lorsqu’ils sont rejetés dans l’obscurité. Chacun a son langage, son accent, ses manies. Lorsqu’il se manifeste, Billy se transforme physiquement : mimiques, élocution, comportement, etc. Ils n’auraient que progressivement pris conscience de la «famille» qu’ils composent et Arthur et Ragen font régner un ordre salutaire, écartant les «indésirables» c’est à dire les personnalités dont les manifestations sont trop dangereuses pour la survie de Billy. Seuls les «officiels» ont droit d’expression et se relaient pour assurer la vie du groupe. Tout le travail des psychiatres, dans le cadre de l’action judiciaire entreprise contre Billy, va être de le ramener à la réalité et d’obtenir la «fusion» c’est à dire la réintégration progressive des entités observées en une seule identité : celle de Billy, qui apparaît comme «le Professeur», maître de l’ensemble, et jouissant des qualités et défauts de chacun des membres de la «famille». Tout ce scénario complexe n’est découvert que peu à peu par les psychiatres et psychologues qui soignent Billy, et qui recensent les unes après les autres les diverses personnalités, pour en dénombrer finalement 24.

Billy est-il réellement dominé par ses personnalités multiples ou est-il un simulateur de génie ? Quelle est la part du talent (réel !) de Daniel Keyes dans cette histoire ? Que faut-il en penser ? Autant de questions qui se posent au fil de la lecture passionnante de ce thriller bien particulier. A l’heure de second life et autres évasions, le monde de Billy paraît plus riche que celui des avatars du web.


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 02/03/2009 )
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