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Liaisons ennuyeuses
Carlos Fuentes   Le Siège de l'aigle
Gallimard - Folio 2007 /  7.90 € - 51.75 ffr. / 452 pages
ISBN : 978-2-07-034737-7
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Traduction de Céline Zins.

L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.

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Le grand romancier Carlos Fuentes est né à Mexico en 1928. Il a poursuivi ses études au Chili, en Argentine et aux États-Unis. De 1975 à 1977, il a été ambassadeur à Paris, où il avait longuement vécu auparavant. Tout en explorant le champ du roman, de la nouvelle, du théâtre et de l'essai littéraire, il a mené un nombre considérable d'activités culturelles dans les deux Amériques et écrit pour la presse américaine et européenne. Avec Carlos Fuentes, très grand romancier, on attendait beaucoup d’un tel roman. On aura assez peu.

Quelle est l’intrigue ? Le Mexique est privé de tout système de télécommunications à la suite de la décision de son président, Lorenzo Terán, de ne pas soutenir les États-Unis (dirigés par Condoleezza Rice !), qui occupent la Colombie et encouragent une augmentation exorbitante du prix du pétrole ! Le pays est vite paralysé, mais le président Terán s'obstine, alors qu’est déclarée une guerre féroce entre puissants, intrigants, courtisans, conspirateurs, traîtres, picaros, militaires… pour l’accession au fameux «Siège de l’Aigle», symbole de la toute puissante institution présidentielle du Mexique. Coups fourrés ou tordus, complots, menaces, meurtres, duperies et fourberies, déchirements se mêlent et s’entremêlent. Parmi les prétendants, la belle Maria del Rosario Galván, l'abject courtisan Tácito de la Canal, l'implacable ministre de l'Intérieur Bernai Herrera, le général von Bertrab et, enfin, le jeune Nicolás Valdivia.

Raconter l'histoire politique du Mexique en 2020 sous la forme d'un roman épistolaire, l'idée est sublime. Que l'on se rappelle quelques œuvres célèbres comme La Nouvelle Héloïse (1761), Les Souffrances du jeune Werther (1774) et bien sûr les célèbres Liaisons dangereuses (1782).
Fuentes fait écho à ce dernier titre, notamment quand Nicolás Valdivia demande, à celle qu'il croit être sa future maîtresse, Maria del Rosario Galván, d'honorer son contrat et de se donner à lui : "Ma belle dame, je ne voudrais pas paraître insistant, mais je considère que la promesse que vous m'avez faite quand nous nous sommes rencontrés doit maintenant être honorée. Je suis ce que je suis et telle fut la condition que vous aviez posée, vous vous en souvenez ? - Nicolás Valdivia, je serai à toi quand tu seras président du Mexique" (p.369). Bien sûr, comme Merteuil, Maria del Rosario Galván ne va pas honorer sa promesse...

L'idée était donc alléchante et pourtant, le roman déçoit beaucoup car malgré des personnages hauts en couleurs (courtisan odieux, démêlés érotiques, prétendant arriviste, cynisme de l’ancêtre…), Carlos Fuentes ne parvient pas à bâtir une intrigue aussi forte et aussi captivante que celle de Choderlos de Laclos. Le modèle l’aurai-t-il trop impressionné ?

L'auteur de Terra nostra avait réellement tout pour lui : une belle écriture, simple et fine, une érudition majestueuse (avec de nombreuses allusions à Machiavel ou à Heidegger), une lucidité devant les problèmes mondiaux, la maturité d'un romancier au sommet de son art. Mais, visiblement, Carlos Fuentes se perd en digressions inutiles qui ne font guère avancer non seulement l’intrigue mais la connaissance des dessous de la politique. Là où l'on attendait une épopée romanesque et une description lucide des arcanes du pouvoir (ainsi que de ses personnages et de leurs motivations), on finit en fait déçu. La fin reprend du poil de la bête, précisément quand Carlos Fuentes décide de rentrer dans le vif du sujet.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 10/03/2008 )
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