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Fracture banale
Erri De Luca   Pas ici, pas maintenant
Gallimard - Folio 2008 /  4.20 € - 27.51 ffr. / 126 pages
ISBN : 978-2-07-034828-2
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Traduction de Danièle Valin.
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Erri De Luca est né à Naples en 1950 et vit près de Rome. Il est venu à la littérature "par accident" avec Pas ici, pas maintenant, un récit paraît-il mûri à la fin des années quatre-vingt. En 2002, il a reçu le prix Femina étranger pour Montedidio. A vrai dire, Pas ici, pas maintenant est plus une autobiographie qu'un roman proprement dit. Erri De Luca nous parle de son enfance napolitaine, enfance visiblement douloureuse. On craint fortement l'autofiction complaisante mais l'auteur a une certaine pudeur pour éviter le récit nombriliste même si l'exercice est devenu trop à la mode.

Le récit en lui-même déçoit en fait beaucoup car Erri De Luca ne parvient pas, avec son écriture ou trop banale ou trop lisse, à nous arrêter sur les faits et les choses qu'il décrit d'une façon fort succincte. Ou, pour le dire autrement, à en faire sortir la singularité, même si celle-ci peut être quotidienne et en apparence sans grand intérêt. Si on le compare par exemple avec le roman posthume Le Premier homme d'Albert Camus, qui relate l'enfance d'un petit garçon et ses rapports avec un père absent, une mère et l'école etc., Pas ici, pas maintenant est sans réelle émotion, aussi pauvre que Le Premier homme est riche et bouleversant. Là où l'auteur de La Chute nous restitue l'odeur, la couleur, les drames et la misère de l'enfance, Erri De Luca, certes en parle tout de même mais d'une façon fort abstraite. Enfin, tout paraît quelconque, et si l'auteur nous parle de sa mère, de son père mort, de sa famille et de l'école, on ne saisit jamais le sens précis de ses rapports avec eux. Cela ne suffit pas, de rester en surface, pour émouvoir son lecteur.

Témoin ce passage que l'on pourrait extraire parmi tant d'autres : "Toi, tu ne demandais rien. Parlant tristement du monde à perdre haleine, tu rentrais à la maison avec ton convoi, ta petite fille qui dormait dans sa poussette et ton petit garçon à côté qui écoutait, ressassant dans sa tête une rengaine privée de sens : je ne l'ai pas fait exprès. Peut-être parce que tu ne m'as rien demandé, ni prié de chercher à soulager les misères du monde : peut-être pour cela seulement n'ai-je pas dû me changer moi-même en réponse, écho dilapidé d'un père trop lointain" (p.82). Cet extrait est symptomatique d'une douleur et d'une absence de communication, mais qui perdent en concrétude à travers l'écriture. On a l'impression sans cesse de glisser sur les mots sans jamais comprendre, même intuitivement, ce qui pourrait nous capter et nous bouleverser.

Il ne suffit pas de dire que son enfance fut malheureuse. On ne saisit jamais véritablement la fracture qui hante l'auteur, cette fracture qu'il est bien obligé d'assumer. D'autant que l'écriture est visiblement l'ultime recours de cet écrivain car cet homme bégaie... Il bégaie et l'on se moque de lui. Oui et alors ? Nous n'en saurons guère plus...


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 09/06/2008 )
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