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Poches -> Littérature |
| Yôko Ogawa La Marche de Mina Actes Sud - Lettres japonaises 2011 / 8.50 € - 55.68 ffr. / 315 pages ISBN : 978-2-7427-9525-3 FORMAT : 11,1cm x 17,7cm
Première publication française en janvier 2008 (Actes Sud - Lettres Japonaises)
Traduction de Rose-Marie Makino-Fayolle. Imprimer
Tomoko, âgée de 12 ans, vit avec sa maman à Okayama. Depuis que son père a été terrassé par une maladie, le quotidien est difficile. Sa mère doit travailler doublement. Cette dernière a réussi à intégrer une formation à Tokyo durant une année. La jeune Tomoko est alors confiée à des membres de sa famille, vivant à deux heures de train, sur les hauteurs de la ville dAshiya.
Cette année scolaire est, pour la jeune adolescente, à la fois la découverte dun univers différent et un voyage initiatique au cours duquel elle va puiser dinnombrables informations et des repères essentiels qui marqueront son existence dadulte. En effet, la narratrice du roman nest autre que Tomoko, 30 ans plus tard. Elle expose ses souvenirs avec tendresse, douceur, mélancolie, en conservant ce regard naïf, vif et spontané, spécifique à lenfance.
La magie de lémerveillement sinvite dès son arrivée à la gare dAshiya où son oncle, élégant, souriant et étonnamment beau, lattend, patiemment adossé à sa voiture de luxe. En entrant dans la maison familiale, lexcitation est à son comble tant le regard de Tomoko est assailli par lespace richement meublé et surtout par les multiples détails européens de la maison. Dans ce mélange de cultures résident les premières fascinations ressenties par Tomoko. La lointaine Allemagne, à travers le métissage de son oncle et de grand-mère Rosa (mère de loncle) qui a quitté sa terre natale il y a des décennies, sert d'introduction à des mondes totalement mystérieux. Il y a aussi Pochiko, lhippopotame nain, qui réside dans le vaste jardin, ramené du Liberia 30 ans plutôt. Et ce mystérieux cousin, dont lombre plane dès quil envoie une lettre en provenance de la Suisse où il étudie.
En dehors de ces considérations géographiques, Tomoko est intriguée par les comportements de chacune des personnes vivant sous le toit de cette grande demeure dAshiya. Dans ce microcosme original, feutré, chacun a développé une place apparemment immuable. Madame Yoneda, femme à tout faire, semble être celle qui régente et veille au bien être de tous. La complicité entre elle et grand-mère Rosa est comparable à celle de deux surs jumelles. La tante qui senferme dans le fumoir et boit du whisky tout en lisant sans cesse ne semble être perturbée par aucun évènement extérieur. Loncle qui sabsente durant des semaines sans que personne ne sen inquiète. Des personnages comme les pièces d'un jeu déchecs, dont les stratégies se déploient devant le regard intrigué et surpris de Tomoko qui analyse tout ce quelle voit et entend. Mina, sa cousine, d'un an sa cadette, est celle avec laquelle elle partage des moments de grande intensité. De santé fragile, la peau habillant mal des os bien frêles, Mina est dune incroyable maturité. Elle lit la littérature étrangère et écrit des histoires à lintérieur de boites dallumettes...
Yoko Ogawa, grande romancière japonaise, offre un excellent roman, à la plume sensorielle, sensitive et intimiste. Lallégresse et la fluidité qui se dégagent sont accentuées par sa capacité à frôler les tensions sans en faire des évidences ; les personnages, leurs interactions, leur originalité sont abordés avec chaleur et déférence.
Un réel plaisir de lecture.
Frédéric Bargeon ( Mis en ligne le 23/02/2011 ) Imprimer
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