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Mon antagonisme, ma moitié
Akli Tadjer   Il était une fois peut-être pas
Pocket 2011 /  6,60 € - 43.23 ffr. / 254 pages
ISBN : 978-2-266-18993-4
FORMAT : 11cmx18cm

Première publication en août 2008 (Flammarion).
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Mohamed est artificier et coutumier de l'ébahissement admiratif que suscite son métier. Quand on lui demande quelle est sa conception personnelle d'un spectacle réussi, il explique qu'il aime bien «marier les couleurs» : «le blanc et le rouge paraissent plus chauds que le rouge tout seul. Kif kif pour le blanc et le bleu, ils paraissent plus froids que le bleu tout seul. Le mélange des pluies d'or et d'argent, ça étincelle plus que l'un et l'autre séparé. C'est comme dans la vie, c'est l'antagonisme qui crée la beauté». Car cette manière de voir les choses ne concerne pas que la pyrotechnie. Il n'a eu de cesse de convaincre sa fille Myriam de la valeur du métissage, de la tolérance, de la nécessité de s'ouvrir à l'étranger au travers de contes à la fois terribles et merveilleux qui commençaient toujours par «Il était une fois... peut-être pas» et retraçaient le destin des ancêtres dont le «Grand IL» lui soufflait la geste épique.

Mêlant depuis près de deux siècles lignées françaises et algériennes dans le creuset d'une union passionnelle, renouvelée à chaque génération, leur famille va et vient d'un côté à l'autre de la Méditerranée et toute cette histoire trouve son aboutissement dans la beauté de Myriam. Même si aujourd'hui le chat en peluche Lucifer et la poupée Cruella sont son seul public, Mohamed n'a pas renoncé à peupler de ces souvenirs colorés l'appartement déserté par sa fille, à son grand désespoir. En effet, cette dernière a quitté le nid familial à dix-huit ans afin d'étudier à Toulon. Cela ne l'empêche pas de conserver vivace le lien fusionnel qui la lie à son père, sans doute d'autant plus fort qu'elle n'a pas connu sa mère.

Cependant, ce que l'éloignement n'avais pas pu atteindre est sérieusement mis à l'épreuve par l'amour que Myriam décide de porter à un dénommé Gaston Leroux. Si encore elle se contentait de ronronner en sa compagnie à des centaines de kilomètres, peut-être pourrait-il passer l'éponge, mais quand, censée lui présenter son futur gendre lors d'un week-end dans la capitale, elle en profite pour le lui laisser incidemment, c'en est trop. Devoir partager avec ce parfait inconnu aussi blond et blanc qu'on peut l'imaginer l'appartement dans lequel sa fille a grandi, alors qu'elle-même reste dans le sud, voilà qui s'avère une épreuve à première vue insupportable. Qu'a-t-il donc de commun avec le «p'tit con», comme il en vient malgré tout à l'appeler sur un ton affectueusement ambigu ? Si Gaston se montre au début prêt à tout pour conquérir de haute lutte l'amitié de son beau-père, celui-ci réalise soudain que manifester un goût certain pour la mixité culturelle et raciale n'oblitère pas pour autant la jalousie paternelle.

Pourtant, ils n'ont pas le choix : il leur faut trouver un terrain d'accord, le bonheur de Myriam en dépend et leur tient à cœur à tout deux. Si les hauts et les bas de la relation entre Myriam et son amoureux tirent indirectement les ficelles de la cohabitation entre Gaston et son hôte, c'est finalement d'homme à homme qu'ils décident de résoudre les tensions qui les opposent et le roman se lit comme le récit d'un apprivoisement réciproque progressif, qui va par delà l'hymne au métissage, traite de l'humain : cela permet à Akli Tadjer de ne pas cloisonner les problématiques ethniques, les histoires d'amour, l'ombre de l'intégrisme, les rêveries enfantines, les enjeux de la filiation. Tout est mélangé, et cela donne à Il était une fois peut-être pas un impact et un intérêt dont le cantonnement aux questions algériennes l'aurait privé, certains discours antiracistes se révélant malheureusement bien souvent très compatibles avec une forme de discrimination.

Ici le texte fuit le moralisme comme la peste, juxtapose les passages graves et les autres plus drôles, une forme enlevée et un fond très sérieux, plongeant le lecteur dans une ambiance tendrement ironique efficace du début à la fin.


Aurore Lesage
( Mis en ligne le 25/04/2011 )
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