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La vie sexuelle de Jacques H.
Catherine Millet   Jour de souffrance
Seuil - Points 2009 /  7 € - 45.85 ffr. / 264 pages
ISBN : 978-2-7578-1371-3
FORMAT : 11cmx18cm

Première publication en août 2008 (Flammarion).
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Lorsque l’on évoque Catherine Millet (née en 1948), on passe vite sur sa collaboration à Art Press, ses écrits sur l’art contemporain, et l’on pense de suite à son livre sulfureux La Vie sexuelle de Catherine M. qui a déclenché les foudres de la critique littéraire en 2001. Et pour cause, elle y racontait ses frasques sexuelles de manière fidèle et provocatrice. Sept ans après, c’est un peu l’envers du décor que ce récit nous propose en dressant un constat pour le moins lugubre de la vie psychologique de Catherine M.

Dans ce récit – du reste assez bien écrit, Millet, en dehors de ses activités lubriques, est passionnée par l’art et la littérature –, le lecteur est plongé dans la conscience d’un être en apparence contradictoire, mais réellement tourmenté dans sa vie sentimentale. Libertine depuis toujours, et organisant sa vie sur cet état d’esprit, Millet n’en tombe pas moins amoureuse d’hommes identiques à elle, qui eux aussi sont infidèles. Pour un libertin, tromper son conjoint reste la première des choses à faire ; mais apprendre que l’on est aussi le jouet d’infidélités chroniques, c’est moins rigolo, surtout quand les sentiments s’en mêlent. C’est en gros ce que tente d’expliquer la narratrice, quittant Claude pour Jacques et supportant difficilement que ce dernier fasse des galipettes derrière son dos (ce que, en tant que libertine accomplie, elle n’accepte pas au sens figuré, elle le fantasme au sens propre).

Elle s’en va donc fouiller dans les affaires privées du dit Jacques, révélant au lecteur innocent les frasques de ce grand libertin. Jour de souffrance, car supputer la tromperie de l’autre amène souvent la révélation douloureuse de ce que l’on savait déjà ou presque. La jalousie prend le dessus sur la raison, et la vérité sur les questions ; ce qui est assez saisissant puisque Millet sait que son mari la trompe, mais le fait de le découvrir précisément, en mettant un visage sur la nouvelle conquête, entraîne chez elle un processus de fantasmagorie et de jalousie qu’elle ne parvient pas à gérer. Elle évolue donc entre des états de jalousie pure et l’excitation sexuelle que lui procurent les cachotteries de son mari infidèle. Le désir charnel étant chez elle affaire de psyché essentiellement.

Hormis les souffrances de Catherine, qu’elle détaille avec un certain sens de la confession, on assiste aussi à quelques-uns de ses fantasmes basés la plupart du temps sur une activité onaniste et voyeuriste proche des théories de Dali, mais aussi à ses angoisses, à sa psychanalyse, et au poids familial et social qui ont fait que Millet est devenue cette obsédée sexuelle totale !

Autant dans son précédent récit, les détails intimes foisonnaient, autant ici, le sexe n’est qu’une enveloppe charnelle à tous les conflits moraux qu’il engendre. Comment tromper et ne pas souffrir de l’adultère, et comment l’accepter ? Dans ce petit jeu malsain, le pervers sexuel préfère endosser le rôle du bourreau plutôt que celui de la victime, quoiqu’un peu de soumission ne fasse jamais de mal aux penchants libidineux !

Mais à la lecture, on n’est pas convaincu pour une simple mais, il faut le souligner, essentielle raison. Ça n’est pas de la littérature, et la vie sexuelle d’un témoin n’est à proprement parler ni intéressante, ni captivante, ni révélatrice de quoi que ce soit. Catherine Millet est libertine, participe à des orgies, fait l’amour à plusieurs, se caresse derrière une porte et se projette dans des fantasmes triviaux, c’est formidable ! Qu’elle s’accomplisse physiquement par ce biais, c’est aussi formidable ; qu’elle en souffre, c’est sûrement logique, mais son voisin de palier fait de même et il a la décence de le garder pour lui. On est évidemment dans un récit où la part autobiographique a sa raison d’être, mais l’époque est envahie par de ce type de littérature et le lecteur est harassé de ce genre de détails. C’est à qui en dira le plus et sous tous les angles. À force, c’est usant.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 16/09/2009 )
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