|
Poches -> Littérature |
| |
Se séparer des Inséparables | | | Marie Nimier Les Inséparables Gallimard - Folio 2010 / 6.10 € - 39.96 ffr. / 274 pages ISBN : 978-2-07-041672-1 FORMAT : 11cm x 18cm
Première publication en septembre 2008 (Gallimard - Blanche)
L'auteur du compte rendu : Essayiste, romancier, Jean-Laurent Glémin est titulaire dun troisième cycle en littérature française. Ayant travaillé notamment sur les sulfureux Maurice Sachs et Henry de Montherlant, il se consacre aujourdhui à lécriture de carnets et de romans. Il na pas publié entre autres Fou dHélène, LImprésent, Fleur rouge, Chair Obscure, Continuer le silence. Imprimer
Il est des romans avec lesquels on se sent très seul. On apprécie parfois, une fois le livre ouvert, dentrer dans un monde qui nest pas le sien, oublier quelques heures son ego pour comprendre cet «autre» indescriptible que tente de mettre en lumière lartifice de lécriture. L'occasion aussi d'une vraie rencontre. Cest hélas tout le contraire avec ce roman de Marie Nimier qui tente, dans un style faussement nostalgique et volontairement puéril, de nous entraîner dans une histoire damitié contrariée.
Dès les premières pages, la réaction ne se fait pas attendre : malgré sa publication dans la prestigieuse collection "Blanche" en 2008 (aujourd'hui en format poche chez Folio), tout dans ce livre est mièvre, faussement nostalgique, stéréotypé, avec un goût pour le pathos larmoyant et lassant ; on survole une zone décriture non identifiée.
Léa et Marie (appelons-là Marie, puisque la narratrice parle à la première personne du singulier) sont des amies denfance. Écoles maternelle, primaire, collège mais aussi voisinage, tout les réunit en ce milieu des années 50 (la chronologie semble commencer dans ces eaux-là malgré de fortes contradictions dans la logique temporelle). Bref, elles sont inséparables. Mais Léa est de ces jeunes filles dont on soupçonne déjà un côté fragile, bizarre, presque ineffable. Qui na pas eu dans sa jeunesse de ces amis dont on se demanda sils n'allaient pas mal tourner un jour ? Et en effet, Léa tourne mal.
Comment procède lauteur pour nous le dire ? A coup de phrases «chocs» alimentées des clichés de lépoque : sexe, drogue et rocknroll ! Nimier semploie avec maladresse à refléter lépoque de sa jeunesse. De la politique alimentaire de Pierre Mendès France à limplantation des Mac Donalds à Paris en passant par le cinéma Visconti et le suicide de Dalida, elle dresse le portrait simpliste dune génération. Pour elle, lhistoire récente se résume à la mort des grandes légendes de ce temps : Pierre Overney, Romy Schneider ou encore Dalida, qui ont nourri les ragots de la presse à scandale. Bien sûr, Léa passe en cure de désintoxication, tombe enceinte, perd son petit ami dune overdose, fait un peu de prison, se prostitue... Bref, le glauque côtoie la mièvrerie, et le lecteur désespère à temps plein.
Un style insipide et énervant, succession dévocations involontairement grotesques et ennuyeuses. Quand ça nest pas le contexte historique qui prime, on assiste à une rédaction de collégien sur les problèmes sentimentaux et familiaux de nos jeunes écervelés. Et la lecture s'en ressent : un vrai défi pour un réel échec décriture.
Jean-Laurent Glémin ( Mis en ligne le 23/03/2010 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:La Reine du silence de Marie Nimier | | |
|
|
|
|