|
Poches -> Littérature |
| Jean-Marc Roberts La Prière J'ai lu 2010 / 6 € - 39.3 ffr. / 120 pages ISBN : 978-2-290-01849-1 FORMAT : 11cm x 18cm
Première publication en octobre 2008 (Flammarion)
L'auteur du compte rendu : Essayiste, romancier, Jean-Laurent Glémin est titulaire dun troisième cycle en littérature française. Ayant travaillé notamment sur les sulfureux Maurice Sachs et Henry de Montherlant, il se consacre aujourdhui à lécriture de carnets et de romans. Il na pas publié entre autres Fou dHélène, LImprésent, Fleur rouge, Chair Obscure, Continuer le silence Imprimer
Jean-Marc Roberts (né en 1954) le dit lui-même : il écrit des romans légers. Marc-Edouard Nabe ne sy était pas trompé il y a 23 ans lorsque, alors qu'ils étaient invités tous deux par Bernard Pivot dans le regretté Apostrophes, il écrivait dans son journal intime à propos des romans de son homologue : «Cest du la-la-la-lalaire insipide» (Marc-Edouard Nabe, Nabes dream, Le Rocher, 1991, p.803). Sur ce point Roberts, évitant toute polémique avec le jeune trublion, évoquait sa propre conception de la littérature et de son travail décrivain: «Je ne dis pas que je suis un écrivain justement. Je suis un romancier et je crois que je tiens trop à la vie pour devenir un grand écrivain. Et voilà. Je ne fais pas des livres pour léternité. Je fais des livres parce que je ne peux pas faire autre chose. Jai besoin de les faire» (Apostrophe, «Les Mauvais sentiments», diffusé le 15 février 1985 sur Antenne 2, repris par M-E Nabe dans Coups dépée dans leau, Le Rocher, 1999, p.15).
On peut évidemment se satisfaire de ce genre de théorie, à la fois naïve et modeste, qui sadresse essentiellement à des lecteurs dont lambition nest pas dêtre transcendés par un texte mais juste portés le temps d'un voyage. Aussitôt lu, aussitôt rangé, comme un bon moyen de tuer le temps et de se laisser porter par les mots. Soit. Et depuis 1985, on peut constater que rien na réellement changé ; et pour cause, les années 80 ont, d'après nous, apporté un vide dans lunivers littéraire français. Roberts continue donc son uvre dun pas tranquille et dune plume évanescente.
Un adolescent surprend une jeune femme en train de prier sur un tapis de bain en direction de la Mecque dans un hôtel luxueux de Londres. Trente ans plus tard, ladolescent devenu un médecin dans le doute mourra dans lexplosion dun magasin. Entre ces trois décennies, des couples se forment, des enfants naissent et le souvenir de cette jeune femme revient agrémenter le quotidien enlisé des différents protagonistes : adultère, mensonge, sexualité brutale, existence difficile, vie familiale décomposée, bref, un cri sourd sur lère moderne des séparations et la crise de lidentité. Le tout sur lactualité terrible du terrorisme qui a frappé Paris durant les années 80-90 (1982, 1986, 1995). Curieusement, le 11 septembre 2001 est rapidement expédié.
Mises à part quelques bonnes idées, le style, elliptique, crée hélas l'ennui. La mauvaise habitude qua Roberts de ne jamais répéter le sujet dune phrase en faisant débuter la suivante directement par le verbe conjugué pourra irriter certains lecteurs, attachés au respect de la grammaire. «Léger», donc...
Jean-Laurent Glémin ( Mis en ligne le 18/02/2010 ) Imprimer | | |
|
|
|
|