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L’Horreur du génocide khmer
Rithy Panh   Christophe Bataille   L'Elimination
Le Livre de Poche 2013 /  6.90 € - 45.2 ffr. / 264 pages
ISBN : 978-2-253-16851-5
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Première publication en janvier 2012 (Grasset)
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«Il ne faut pas avoir de sentiments personnels» (slogan khmer rouge).

Rithy Panh (né en 1964) est un cinéaste cambodgien, auteur de plusieurs documentaires sur le Cambodge dont S21, la machine de mort Khmère rouge qu’il réalise en 2002. Victime lui-même du génocide Khmer (1975-1979) quand il était enfant, son œuvre est centrée sur cette période tragique de l’histoire de son pays. Auteur de fiction également, il signe en 2008 l’adaptation du roman de Duras Un barrage contre le Pacifique avec Isabelle Huppert, et plus récemment Duch, le Maître des forges de l'enfer (2011) qui revient sur la destinée du tortionnaire Kang Kek Ieu dit Duch, personnage central de L’Elimination.

L’Élimination
est le récit fragmenté et douloureux du génocide Khmer durant quatre années d’un régime des plus bas et vils que l’Humanité n’ait jamais connu. Le parti pris littéraire de Panh étant de jongler entre les entretiens qu’il eut avec Duch, directeur du S21, prison khmère torturant puis exécutant les réfractaires du régime, et l’évocation de ses propres souvenirs en tant que victime du régime.

Dès l’occupation khmère en 1975, les exodes font rages, les famines deviennent abondantes, les exactions monnaie courante, et les familles sont séparées. Rithy Panh a 11 ans en 1975, et séparé des siens, il devra faire preuve d’un courage et d’une abnégation à toute épreuve pour réchapper à ce régime des plus sanguinaires du vingtième siècle (le lecteur a du mal à s’imaginer comment un enfant peut survivre à de telles atrocités).

Au nom d’une idéologie délirante basée sur la soi-disant égalité de tous, la séparation des richesses et des biens individuels telle que le stalinisme l’a érigée au début du XXe siècle, le régime khmer rouge a installé une véritable caricature de dictature dont les conséquences ont été effroyables. Panh perd un à un les membres de sa famille dans des conditions ignobles (père, mère, sœurs), assiste à des exécutions, à des disparitions, à des massacres collectifs, puis doit faire face aux maladies contractées dans les champs et les rivières. La vie qu’il décrit sous l’occupation khmère est une image saisissante de l’enfer sur terre avec son cortège d’injustices, d’horreurs, de tortures, de viols, et de morts par milliers. L’individu est broyé et traité comme une masse informe, ne représentant plus rien de singulier.

En tentant de comprendre comment un régime a pu instaurer un tel massacre, Panh revient sur cet exemple futile, presque naïf mais dont le sens prend toute sa force en montrant toute la stupidité d’un régime au solde des communistes en lutte avec l’Impérialisme : l’une des premières mesures khmères était d’interdire le port des lunettes !

Parmi ces souvenirs d’une horreur inimaginable, Panh revient sur les entretiens qu’il eut avec Duch durant la réalisation de son documentaire en 2011. Fasciné comme on peut l’être devant un bourreau, il tente de comprendre les intentions de cet ancien professeur de mathématiques devenu l’un des pires criminels de guerre contemporains (Duch a été condamné pour crime contre l’humanité en 2010 et purge une peine de 40 années de réclusion). Directeur du S21, l’homme, aujourd’hui plaidant sa culpabilité, demandant pardon au peuple cambodgien et, s’étant converti au catholicisme, reste néanmoins fourbe, imprécis, menteur ; mais il témoigne d’une certaine bienveillance pour son interlocuteur, ancienne victime de son régime. Panh écrit : «Non ce n’est pas un monstre ; encore moins un démon. C’est l’homme qui cherche et saisit la faiblesse de l’autre. L’homme qui traque son humanité. L’homme inquiétant. Je ne me souviens pas qu’il m’ait quitté sans un rire ou un sourire».

Ce livre, où il est question de survie permanente, nourri de descriptions terribles, est la confession d’un homme dont l’obsession est de rendre hommage aux victimes cambodgiennes et de reprendre goût à la vie, plus de trente ans après les faits. Entre journal de travail (écrit probablement durant le tournage de son dernier documentaire) et récit autobiographique, cet essai au style nerveux nous replonge dans un enfer quasi improbable tant on se demande comment en 1979, la communauté européenne a pu tolérer cela (souvent en minimisant les exactions khmères qui ont fait 2 millions de morts). Rithy Panh, aidé de Christophe Bataille, nous proposent un livre choc, venant renforcer l’œuvre cinématographique déjà existante sur cette période tragique, trop peu connue des occidentaux.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 02/10/2013 )
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