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Impressions du peintre
. Balthus   Mémoires de Balthus
Le Rocher - Poche 2016 /  8,50 € - 55.68 ffr. / 323 pages
ISBN : 978-2-268-08411-4
FORMAT : 10,8 cm × 17,8 cm

Paul Lombard (Préfacier)
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"Conserver le plus longtemps possible l'émerveillement des jours et des mouvements de la lumière" - Balthus, cité pat Vircondelet.

Saluons cette très belle entreprise de rééditer en format de poche ces Mémoires du peintre Balthasar Kłossowski, dit Balthus (1909-2001), publiés peu avant qu'il ne disparaisse à l'aube de ses 93 ans. Alain Vircondelet (né en 1947), biographe, a recueilli sur 300 pages les confidences de son ami Balthus, au cours d'un très long travail de rencontres et d'entretiens.

Connu entre autres pour ses toiles de jeunes adolescentes quelque peu dénudées, Balthus, homme discret et secret, révèle sa profonde nature de peintre intransigeant. Loin du vacarme du microcosme mondain, il avoue être un artiste solitaire, besogneux, croyant et retranché dans son atelier. En 107 chapitres très courts, Balthus ne résume pas sa vie mais évoque en points décousus son enfance, ses rencontres, ses influences, sa vision de l'art (et de la peinture évidemment), sa femme et son travail quotidien, en hédoniste rigoureux, grand amateur d'art et contemplatif de la nature bienveillante.

Sceptique envers les écoles – il égratigne au passage le surréalisme -, qu'elles soient picturales ou littéraires, Balthus se place loin des dogmes et partage avec le lecteur ses admirations pour Rilke (son beau-père) tout autant pour que ses contemporains : Jouve, Malraux, Camus, Picasso, Giacometti, esprits indépendants et libres comme lui, par opposition à Bataille, Breton, Dali, et d'autres qui ont mêlé leur travail au groupe et à leur carrière.

Défendant les grandes traditions (le respect de la nature, celui de son prochain), il donne cette impression de vieux sage retranché en Suisse en 1977 au Grand chalet de Rossinière, havre de paix, de lumière et de silence, après avoir été directeur de l'académie de France à la Villa Médicis. Loin du bruit des moteurs et de la pollution moderne qu'il exècre, il tente de définir ainsi son travail de peintre reclus et sceptique : "La vocation magnifique du peintre, son destin fatal pourrait-on dire, est d'être en accord avec la mélodie du monde. Il faut sentir le frémissement des choses, au climat des lumières, biaisées, rasantes, qui traduisent l'histoire du temps, aux divers plans qui se relient entre eux. C'est un travail essentiellement religieux, dont l'issue est l'exultation de ce monde, vaste et divin" (p.270).

Cette promenade picturale et historique avec Balthus est un plaisir de lecture. Vircondelet a su s'effacer pour reproduire - on imagine, fidèlement - les propos d'un peintre peu à l'aise avec l'écriture. Chaque évocation est un souvenir frappant où passent et repassent Picasso et Giacometti, ses deux maitres en peinture. Contrairement à ce que l'on pouvait éventuellement croire, Balthus a fait œuvre de discrétion, de retrait et de tradition. Ses adolescentes n'étaient pas dévergondées mais représentaient la pureté de la jeune femme, au croisement mystérieux de l'enfance et de la puberté. Sa peinture est à la fois représentative, mystique et interrogative du monde où l'artiste s'efface pour appréhender la nature.

"Peindre, c'est sortir de soi-même, s'oublier, préférer à toute chose l'anonymat et prendre le risque quelque fois de ne pas être en accord avec son siècle et avec les siens. Il faut résister aux modes, tenir coûte que coûte à ce que l'on croit bon pour soi, et même cultiver ce que j'ai toujours appelé à l'égal des dandies du XIXe siècle, "le goût, aristocratique de déplaire". Connaitre cette fine jouissance de la différence qui, de toute façon, vous appelle à des tâches très inouïes, stupéfiantes. Le peintre, comme je l'entends du moins, a contre lui tous les marchés, toutes les tendances, tous les snobismes. Il est hors des modes" (p.311).

Nous recommandons la lecture de cet ouvrage où l'art, exigeant, incorruptible, domine et surpasse les évocations généralement moins passionnantes d'une simple biographie.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 27/06/2016 )
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