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Thriller d’époque
Franck Thilliez   La Mémoire fantôme
Pocket - Thriller 2008 /  6,80 € - 44.54 ffr. / 441 pages
ISBN : 978-2-266-17849-5
FORMAT : 11cm x 18cm

Première publication en juillet 2007 (Le Passage).
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Dès l’en-tête de la deuxième page, le ton est donné. Une suite de chiffres apparaît: 3,1415926535897932, etc., les souvenirs de cours de maths reviennent : c’est Π. Il déroule en haut de chaque page, jusqu’à la dernière, son interminable série de décimales, ce qui en fait environ 28 700. Mais chacun sait qu’on est loin du compte et que l’Univers entier ne suffirait pas à toutes les écrire… puisqu’il s’agit d’un nombre infini. En plus de Π, on croise dans La Mémoire fantôme le nombre d’or, le problème d’Einstein, des énigmes mathématiques et logiques, des spirales et des indices à Bâle, sur la tombe du mathématicien Bernoulli. On l’aura compris, les mathématiques tiennent la vedette dans ce thriller. Les maths et la mémoire. Ou plutôt, les mémoires. Il faut prendre des notes : mémoire procédurale, immédiate, visuelle, de travail, autobiographique, du corps et on en oublie.

Marion Moinet, une jeune mathématicienne, a perdu la mémoire. Enfin, une mémoire. Elle a oublié tout ce qui lui est arrivé depuis qu’un cambrioleur a failli l’étrangler trois ans plus tôt. Depuis, elle oublie tout en quelques instants : visages, évènements, a-t-elle mangé ? que fait-elle là ? qui est cette personne ? Un soir de pluie, elle est retrouvée errante et apeurée dans Lille, au pied de chez le lieutenant de police Lucie Henebelle. Sur sa main sont gravés les mots «Pr de retour».

Lucie Henebelle était déjà l’héroïne du précédent thriller de Franck Thilliez, La Chambre des morts. C’est elle qui mène à nouveau l’enquête. Celle provoquée par la mutilation sur la main de Marion Moinet et qui annonce une très mauvaise nouvelle : le retour du Professeur, un tueur en série amateur de jeux de pistes à base d’énigmes mathématiques, qui s’était calmé depuis quatre ans. Mais mener une enquête sur et avec une amnésique, c’est un peu comme vouloir manger de la soupe avec des baguettes : c’est peu productif.

Malgré ce handicap certain, Franck Thilliez mène son récit à toute allure. On ne sait d’ailleurs pas très bien qui de l’auteur ou de la survoltée Lucie Henebelle donne le tempo, mais en tout cas, ça fonce. Ceux qui aiment le rythme seront servis : cette jeune femme est intenable. Ceux qui aiment la procédure, l’épaisseur des personnages et de leurs relations ou une certaine vraisemblance, le seront un peu moins : la cavalcade du duo Henebelle-Moinet n’attend pas. L’intrigue est bien menée, le dénouement contient tout ce qu’il faut d’inattendu et de dramatique. C’est une certaine conception du polar, et surtout du thriller, qui est ici mise en application. Une conception qui obtient d’incontestables succès de librairie : grosse intensité et rebondissements nombreux, forte dimension technico-scientifique, personnages comme on n’en croise pas tous les jours. Mais ça ne tient pas toujours debout, ou alors pas tout seul, il faut que le lecteur y mette un peu du sien.


Antoine Picardat
( Mis en ligne le 24/12/2008 )
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