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Poches -> Science-fiction |
| K. J. Parker Les Couleurs de l’acier - La Trilogie Loredan - Tome 1 Gallimard - Folio SF 2010 / 8.70 € - 56.99 ffr. / 664 pages ISBN : 978-2-07-039918-5 FORMAT : 11cm x 18cm
Traduction d'Olivier Debernard
Voir aussi :
- K.J. Parker, La Trilogie Loredan - Tome 2 : Le Ventre de l'arc, Gallimard (Folio SF), Avril 2010, 648 p., 8.70 , ISBN : 978-2-07-039919-2
- K.J. Parker, La Trilogie Loredan - Tome 3 : La Forge des épreuves , Gallimard (Folio SF), Avril 2010, 698 p., 9.70 , ISBN : 978-2-07-039920-8 Imprimer
Bardas Loredan est avocat
ce qui est peu courant pour le héros dune série fantastique, mais dans le monde de Périmadeia, les avocats saffrontent au fer plutôt quà léloquence, et le droit se défend à la pointe de lépée
Ce qui fait de Loredan, ancien soldat et avocat vieillissant, un bretteur de talent. Un avocat toutefois un peu las qui entend bien se ranger et mettre un terme à une carrière toujours dangereuse. Mais il semblerait que lunivers entier conspire contre son projet de retraite. Déjà parce quil vient daccepter une affaire fort risquée, qui lopposera à lun des meilleurs avocats du moment, le redoutable Ziani
et cela au moment où il brise ses deux meilleures épées !
Et ce ne serait que cela... Mais Périmadeia, la grande cité réputée imprenable, ses trois niveaux, ses palais, son aristocratie au statut quasi divin, son académie de magie (aux allures duniversité parisienne), est menacée par des guerriers venus des plaines. Lun dentre eux, Temrai, fils de Sasurai, le seigneur de guerre local, un mélange de dureté et de candeur, est même venu préparer lassaut en inspectant les maigres défenses de la cité
Car, de fait, Périmadeia compte beaucoup sur la flotte (de ses alliés) et sur le millier de cavaliers qui forme son armée, une armée hélas décimée depuis quelques années, et dont Bardas Loredan fut lun des derniers survivants.
Alors, vers qui se tourne-t-on pour assurer la défense de la ville quand lennemi se précise et que le siège paraît inévitable ? Mais Loredan est également la cible dune malédiction lancée par le patriarche Alexius (le plus puissant des mages en théorie)
lequel a bien des difficultés avec sa magie et préfèrerait nettement avoir loupé son coup. Bref, un univers qui vacille, et qui attend peut-être le coup de grâce venu des nomades des plaines
à moins que Loredan ne soit finalement un sauveur inattendu ? Le vent de la guerre se lève.
Cest lhypothèse de départ pour cette série fantastique, qui découvre un univers original, avec son lot de magie (mais une magie hasardeuse, complexe et dont les effets boomerangs peuvent être risqués pour les mages imprudents), ses batailles, ses envahisseurs
ses problèmes en somme. Et cest loccasion, pour le lecteur, de sattacher aux pas de Loredan, héros sur le retour, pas très motivé, voire franchement poissard, qui va devoir à nouveau partir sur le sentier de la guerre. Et sans faire trop de révélations sur la suite de la série (heureusement parue en une seule fois !), on peut dire que la retraite savère lointaine, et que Loredan semble traîner la guerre à ses basques, comme une guigne. Quil se réfugie sur une île, en famille, ou bien quil obtienne un poste militaire théoriquement en retrait, son destin de guerrier le rattrape constamment.
Lété arrive, il sagit de se trouver une belle série, de quoi sévader pendant quelques semaines, le genre de roman épais, quon emporte avec soi en vacances et qui vous tient jusquau retour : la trilogie Loredan entre parfaitement dans ce programme et, avec ses trois forts volumes en poche, on doit espérer quelques belles heures de lecture et daventures estivales.
De laction, un univers original et très cohérent qui tout à la fois sinspire de la fantasy (de la magie, de la guerre et quelques beaux combats) et sait sen démarquer (Loredan, figure de lanti-héros ?), un héros fatigué, pas très net, mais toujours sur la brèche, comme une version fantasy dIndiana Jones, et un style attentif aux ambiances, aux individus. Lauteur sait décrire sans lasser (notamment les combats et passes darmes), et donne ainsi à son univers une cohérence réelle faite de multiples détails (vus notamment par les yeux ébahis de Temrai, lespion venu des plaines).
Le premier tome installe posément le décor de cet univers menacé par la guerre : la catastrophe se précise lentement, mais efficacement. Une écriture rien moins que survoltée pour un roman qui sait donner de lépaisseur à ses personnages ainsi quau décor. Ce qui ne veut pas dire un rythme lent : combats et passes magiques sont également de la partie et le lecteur curieux nignorera rien des forces qui agitent ce monde bigarré. Et puis une certaine ironie qui flotte dans lair et qui donne à la lecture de cette belle série un ton vaguement décalé : K.J. Parker tient plus dun Jack Vance que dun Robert Howard.
Bref, une trilogie à dévorer, un souffle daction bienvenu pour lété.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 18/06/2010 ) Imprimer | | |
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