L'actualité du livre Vendredi 29 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Poches  ->  
Littérature
Essais & documents
Histoire
Policier & suspense
Science-fiction

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Poches  ->  Science-fiction  
 

Gentlemen in black ?
Charles Stross   Le Bureau des atrocités
Le Livre de Poche 2009 /  6.95 € - 45.52 ffr. / 473 pages
ISBN : 978-2-253-12368-2
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Première publication française en octobre 2004 (Robert Laffont - Ailleurs & Demain).
Imprimer

Si vous pensez qu’on vous cache forcément des choses, si vous êtes convaincus qu’il existe de par notre monde des forces qui nous dépassent, des lieux qui nous sont interdits, et des hommes en noir pour les surveiller, si enfin vous appréciez la littérature fantastique, alors il est temps de vous intéresser aux activités du Bureau des atrocités, pour l’intéressant rapport qu’en fait Charles Stross…

L’histoire démarre en Angleterre, de nos jours, par un banal cambriolage effectué par quelqu’un qui semble plutôt novice en la matière… Mais rapidement, le lecteur comprend que le butin est rien moins qu’ordinaire : il s’agit d’un projet de théorème mathématique extrêmement complexe, et qui semble réservé à une élite universitaire. Quel voleur s’intéresserait à cela : un chercheur frustré, un collègue envieux… et pourquoi pas un espion occultiste ? Bob Howard – notre voleur – travaille comme informaticien/hacker pour un service ultrasecret, la Laverie, qui s’occupe en effet de technologie et d’occultisme. Il faut dés à présent expliquer succinctement l’utilité du dit service : notre univers est comme une sorte de patchwork, composé de morceaux cousus les uns aux autres, mais certaines coutures, sous l’effet de forces diverses (notamment des interactions mathématiques et technologiques, ou magiques), peuvent craquer, ouvrant des passages vers des dimensions étranges où peuvent se terrer des forces inconnues, hostiles et terrifiantes, des «grands anciens».

La Laverie a la lourde tâche d’empêcher que cela n’arrive, et effacer les traces d’accidents précédents… Car bien entendu, l’Histoire elle-même est réécrite, et particulièrement celle de la Seconde Guerre mondiale (que savez-vous exactement des armes secrètes occultes nazies et des nécromants du IIIe Reich ?) ou de la guerre froide. Ajoutons que l’Amérique dispose de l’équivalent avec la Chambre noire, preuve de l’ampleur de la menace, et l’on se trouve devant une version occulte de Men in black.

C’est dans ce contexte qu’Howard – hacker et espion - se voit chargé d’une simple mission de renseignement en Californie concernant une rousse incendiaire, spécialiste de philosophie logique, nommée Mo, mission qui s’avère finalement cruciale quand Howard se retrouve face à une menace puissante et ancienne, issue de la science occulte nazie et cachée dans une autre dimension : l’Ahnenerbe.

Le monde de C. Stross ressemble au nôtre, avec sa technologie à la fois rassurante et, finalement, pervertie, son soleil californien, ses couples au bord de la crise de nerfs, ses barbouzes… Mais il est aussi peuplé de zombis - agents secrets, de nerds espions magiciens utilisant, en guise d’armes, des «mains de gloire» (les amateurs d’Hellboy connaissent !), de «caméras - scorpions» tueuses et autres nazis occultistes. Cela ressemble un peu à du Dan Simmons (celui de L’Echiquier du mal, pour le côté thriller fantastique), mâtiné de Walter Jon Williams (tous câblés !) et de Mike Mignola (pour l’occultisme nazi). Mais surtout, les fans de Lovecraft sont en territoire connu ! Dunwich – l’antre des Profonds chez Lovecraft - est un site d’entraînement de la Laverie, et l’université Miskatonic, aux archives toujours aussi mystérieuses, délivre des diplômes peu conventionnels.

Attention, ouvrage inclassable : si vous avez parfois l’impression que la littérature fantastique ronronne, si vous trouvez que l’univers bruisse un peu trop de vaisseaux spatiaux, de vampires séduisants ou de mutants psychopathes, la lecture du livre de Charles Stross s’impose. En effet, il a écrit le roman fantastique que les fans du genre voudraient avoir écrit : on y trouve quelques grands thèmes classiques issus de l’univers lovecraftien, ainsi que des emprunts - hommages (du reste, le héros s’appelle Robert Howard, reprenant ainsi le prénom de Lovecraft, mais aussi le nom du créateur de Conan, «Two gun Bob» qui fut un des disciples du maître de Providence…), du mystère, un brin de cyberpunk (jusqu’au style littéraire particulier à ce genre de SF, à la fois très libre et un peu jargonnant), un soupçon de thriller, et des «men in black», version british. Le tout dans un constant tourbillon de références littéraires et vidéo (Castle Wolfenstein notamment, pour les amateurs). Le mélange était osé : il est indéniablement efficace, et passé quelques pages un peu déconcertantes pour le lecteur, confronté à une avalanche de termes techniques et d’explications scientifico-mystiques, cela démarre.

Les fans de Tim Powers (notamment Les Puissances de l’invisible) reconnaîtront en C. Stross un digne émule, et les amateurs de jeu de rôle (L’Appel de Chtulhu, et en particulier la splendide campagne Delta Green) apprécieront forcément cette version romancée de leur univers fétiche. Pour les autres, une excursion dans cet univers de complot à l’échelle de l’humanité, d’espions mages et de secrets cosmiques constitue une expérience incontestablement originale, à la découverte d’un auteur prometteur.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 13/05/2009 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • Le cycle d'Hypérion - coffret deux volumes
       de Dan Simmons
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd