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Bande dessinée |
| Ayako Noda Le monde selon Uchu (tomes 1 et 2) Casterman 2016 / FORMAT : 13x18 cm Imprimer
Cest le jour de la rentrée des classes dans un collège au Japon. On assiste donc aux présentations. Chacun leur tour, les élèves se lèvent pour dire leur nom et deux ou trois détails sur eux. Alice se plie donc à lexercice juste avant son voisin ; Uchu Hoshino. Il a lair mal à laise. Le regard des deux personnages se croisent. Le lendemain, le garçon est absent. Alice lui rend visite pour savoir sil est malade ou sil sèche les cours. Lattitude de Uchu la laisse vraiment perplexe. Il semble avoir un secret quil partage avec Shinri, son frère jumeau. Les scènes de vie quotidienne sont bouleversées par larrivée dun autre personnage : Iya. Ce garçon aux yeux cernés et au regard fou, semble observer les protagonistes de lhistoire. Il sénerve subitement à cause dun regard. Il monte sur le toit poursuivit par Uchu. Cela pourrait mal se finir, car Iya passe au-dessus de la barrière, mais son camarade intervient et tout finit bien. Cependant, les petits faits bizarres qui saccumulent et limpression dêtre observée pousse Alice à questionner Uchu : Que se passe-t-il dans ce collège ? La réponse perturbe plus le lecteur que lhéroïne : Nous sommes dans un manga. dit-il. Difficile lors de cette révélation de ne pas revenir en arrière pour constater queffectivement tout sexplique ainsi. Lauteur vient de rompre le contrat de lecture habituel et se moque donc de nous (dans le bon sens du terme). Ce postulat va donc se décliner sur deux tomes : les personnages qui ne sentendent pas à cause des onomatopées qui cachent les bulles, les pensées qui deviennent visibles, la page qui impose aussi un cadre aux personnages, les regards droits qui ne sont destinés quau lecteur
Tout cela aurait pu être lassant ou creux, mais lintrigue nest pas négligée et fait de ces deux tomes, une oeuvre complète à laquelle il ne manque rien. Difficile de ne pas penser à lArt invisible de Scott McCloud, tant Ayako Noda exploite réellement les subtilités de la BD.
Reste le graphisme qui ne plaira pas à tout le monde. Pourtant, on sent le plaisir de représenter ces corps adolescents, pas toujours à laise. On note aussi une audace à les mettre en scène dans des poses inhabituelles, loin des clichés et pourtant empreint de poésie. Il sagit donc dun manga à découvrir, même pour ceux qui préfèrent la BD Franco-belge. Une vraie bonne surprise !
Delphine Ya-Chee-Chan ( Mis en ligne le 11/07/2016 ) Imprimer | | |
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