L'actualité du livre Jeudi 28 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Bande dessinée  ->  
Comics
Manga
Historique
Réaliste
Fantastique
Science-fiction
Policier - Thriller
Aventure
Humour
Adaptation
Jeunesse
Les grands classiques
Chroniques - Autobiographie
Revues, essais & documents
Entretiens
Illustrations, graphisme et dessins d’humour
Autre

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Bande dessinée  ->  Autre  
 

À la Buñuel
 Blutch   Vitesse moderne
Dupuis - Aire Libre 2008 /  18 € - 117.9 ffr. / 96 pages
ISBN : 978-2-8001-4216-6
FORMAT : 24x31 cm
Imprimer

À l’occasion des vingt ans de la collection Aire Libre, Dupuis continue son programme de rééditions d’albums qui ont marqué le label. Avec Vitesse moderne de Blutch, la l’impact du livre va bien au-delà des petits carcans de la collection. Nous parlons ici d’une bande dessinée unique et belle, dont le récit onirique et fantasque se déroule, tranquillement, sous des cieux à la fois familiers et étrangers, proposant de planches en planches des saynètes parfois drôles parfois inquiétantes, comme un long collage d’idées et d’images se reposant sur des propositions narratives étonnantes et des images que n’auraient pas reniées les surréalistes. Comme dans un rêve, les déplacements sont nombreux: des bonnes sœurs dans un resto chic, une araignée géante sur une porte, un Serge Reggiani qui débarque ; les collisions entre fantasmes et réalité sont constantes. Et comme dans un rêve, l’imprévisible est le moteur. D’une planche à l’autre tout peut être bouleversé. Que l’on passe une porte ou que l’on tourne son regard, voilà le paysage complètement changé ; l’action déraille, zappe un épisode, et passe de l’humour absurde au fantastique étrange. Les sketchs se suivent et ne se ressemblent pas, seules les émotions qui les portent rassemblent le tout sous une même couleur : belle, profonde et singulière. On pense ici autant à Forest (pour le dessin mais aussi dans la conduite d’un récit qui se fie à une certaine poésie du hasard) qu’au Buñuel du Charme discret de la bourgeoisie. Mêmes ruptures de tons, même humour à froid, même constante cassure des repères.

Dès les premières planches, on comprend que le travail de Blutch sera différent, suivant plus son pinceau que son script. La première page montre une succession de vignettes de même format, parfaitement alignées, et représentant des architectures parisiennes et banlieusardes. Le tout ne raconte rien, même s’il est fébrilement parcouru d’une voix-off lointaine, et n'a que peu de rapports avec ce qui va suivre. Plus proche de l'exercice formel qui, par la magie du dessin devient une ouverture pleine de poésie. La suite verra toujours s’affirmer cette suprématie du dessin: trois planches montrent juste un cours de danse, silhouettes dissemblables mais en parfaite symbiose, comme une étude anatomique mise en scène. Plus loin, Blutch fait se changer son héroïne, comme ça, juste pour lui mettre une nouvelle robe, la voir différemment, ne pas se lasser, se faire plaisir, provoquer autre chose pour aller autre part. Il faut accepter ce parti pris, laisser l’auteur nous emporter, ne pas avoir peur de s’égarer.

Inutile de résumer l’histoire donc, précisons seulement qu’il s’agit d’une folle nuit à Paris. Une capitale privée d’électricité, brusquement sous les eaux, et où se croisent un professeur de danse, un allumé amoureux, une troupe d’étranges encagoulés, et un Omar Sharif pas coincé. Au milieu, Lola Rastaquouère, jeune métisse belle et rebelle, et Renée bizarre femme un peu masculine et qui se dit écrivain. Les événements se bousculent, les ambiances changent d’une page à l’autre, portées par les couleurs significatives de Ruby. Et au bout de la nuit, la déception de Lola : « C’est l’aube. ».Tout est fini, le rêve est déjà oublié, seuls des lambeaux restent en mémoire, en désordre, comme un puzzle éparpillé.

Il faut se laisser porter par ce livre, se laisser dériver avec Lola et Renée. Les sentiments déterrés, s’appuyant sur des émotions simples mais fortes (la crainte d’être seul, la perte des parents, l’amour impossible, le temps qui passe…) accapareront dès lors le lecteur jusqu’au bout. Et au final, c’est la sensualité qui reste sur le haut de la pile : sensualité du dessin, impérial, ou celle plus saugrenue de deux corps dans le métro, ou d’une cicatrice sur l’oreille. Pour ces scènes-là, et beaucoup d’autres, Vitesse moderne est à (re)découvrir sur le champ !


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 17/10/2008 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • La Beauté
       de Blutch
  • C'était le bonheur
       de Blutch
  • Donjon Monsters (tome 7)
       de Joann Sfar , Lewis Trondheim , Blutch
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd