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Dieu, mon pingouin, ma baignoire et moi | | | Pierre Wazem Promenade(s) Atrabile - bile blanche 2001 / 12.98 € - 85.02 ffr. / 64 pages ISBN : 2-9700165-5-9 Imprimer
La beauté qui se dégage du Promenade(s) de Pierre Wazem est celle de lévidence. De celles dont on sétonne de ne pas y avoir pensé plus tôt. Le narrateur, lui, fait pourtant profession de ne sétonner de rien, surtout pas de se retrouver assis au bord dune baignoire à discuter avec un pingouin - il est vrai, lui dit sa mère, que "Dieu revêt parfois des formes étonnantes". Ainsi va ce récit à la première personne, qui se présente comme une autobiographie et se lit comme un roman. Wazem possède un sens de la narration capable d'imposer ce nouvel album parmi les grandes réussites dun genre qui fait de plus en plus démules. Largument est ici des plus ténus: "cest le monde qui est là et cest tout". Mais jamais lauteur noublie quil en fait une bande dessinée. Ses promenades lui permettent, du coup, au fil des cases, détirer le temps dans le vain espoir de le suspendre. On se dit alors que le cinéma, pas plus que la littérature, ne sauraient plus simplement jouer avec leurs règles pour en faire leur propos même.
Le trait faussement dépouillé sert efficacement un des autres points forts de lalbum, les dialogues, qui disent justement toute la difficulté à dialoguer. Comme cette incapacité à écouter affecte avant tout les parents de lauteur, on retrouve un univers qui évoque souvent Spiegelman. La plume de Wazem partage dailleurs son goût pour les ombrages élaborés ou les oreilles de souris, mais latmosphère est radicalement différente. Du début à la fin de cette histoire genevoise, on baigne dans une douceur tristement euphorisante, ce je-ne-sais-quoi définitivement suisse-romand qui inscrit Wazem quelque part entre Godard et Nicolas Bouvier.
Nicolas Balaresque ( Mis en ligne le 22/01/2002 ) Imprimer | | |
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