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« La base de l’humour est de se regarder avec les yeux d’un autre »
Hideo Azuma   Journal d'une disparition
Dargaud/Kana - Made in 2007 /  10,00 € - 65.5 ffr. / 196 pages
ISBN : 2-505-00030-1
FORMAT : 22x14
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Journal d’une disparition est l’histoire d’un pétage de plomb à la suite duquel le narrateur abandonne du jour au lendemain travail, femme et foyer pour aller mourir dans la montagne. Comme la mort ne veut pas de lui, le protagoniste, toujours bonhomme, amorce une brutale désocialisation faite d’errance sans fin et de nuits à la belle étoile. Sans jamais être en proie au désespoir, ce personnage -qui n’est autre qu’ Azuma en personne- semble vivre avec un détachement étrange sa marginalisation, sorte d’auto-exclusion volontaire d’une société consumériste et dégénérée.
Fort de cette clochardisation improvisée, l’auteur soupèse la valeur de son existence et n’en donne pas cher. L’étrange biographie qu’il propose ici amuse et interroge : voici un anti-héros étonnant, qui se contente de peu, trouve une forme de bonheur dans l’incurie et la solitude et se complait à faire les poubelles… Dans cette existence quasi-animale, la seule crainte qui habite Azuma est de croiser l’un de ses congénères. Il établit dans ce sens une stratégie d’évitement (l’inversion salvatrice de son cycle nycthéméral) afin que le regard d’autrui ne se pose jamais sur lui, comme de peur que l’enchantement cesse brusquement face à ce miroir tendu dont le reflet désagréable pourrait laisser place au plus grand dénuement.
L’œuvre est aussi l’occasion pour le mangaka de parler de son statut précaire, où les affres de la création et le monde impitoyable de l’édition en découragent plus d’un. Pressurisé par les magazines de pré-publication, l’auteur craque plus d’une fois et réitère ces étranges voyages pathologiques qui trahissent une personnalité fragile et torturée. Représenté par un petit personnage aussi sympathique que déboussolé, Azuma use d’un style faussement naïf pour décrire ses déboires, leurs conférant ainsi une allure tout à fait inquiétante. Tori, dans l’interview de fin, décrit parfaitement cet état d’esprit en notant l’absence de misérabilisme du manga et la distance étrange qui émane du récit.
Ceci devient d’autant plus vrai lorsque l’auteur livre sans fausse pudeur ses problèmes d’alcoolisme, en particulier quand il en vient à décrire de façon sarcastique et désabusée sa cure de désintoxication. Il dépeint alors non sans humour la difficulté d’arrêter la boisson et le pitoyable état dans lequel elle peut nous mettre. Tout en légèreté, ce manga d’auteur retrace avec intelligence et émotion un parcours de vie pour le moins étrange et tourmenté. L’interview cachée de l’ouvrage confirme d’ailleurs la personnalité touchante et désabusée d’Azuma, écorché vif terriblement lucide sur son propre compte. Une œuvre bouleversante…


Océane Brunet
( Mis en ligne le 30/01/2007 )
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