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Bande dessinée -> Comics |
| Ben Templesmith Bienvenue à Hoxford Delcourt - Contrebande 2011 / 14.95 € - 97.92 ffr. / 144 pages ISBN : 978-2-7560-2754-8 FORMAT : 17,3x26,4 cm Imprimer
A côté de létablissement pénitentiaire dHoxford, les autres prisons ressemblent à des instituts de thalasso. Cest dans ce triste blockhaus que Raymond Delgado et quelques autres dangereux détenus se retrouvent ; ils sont cette fois aux mains dun directeur un peu louche et de ses sbires pas plus amicaux. Létablissement, tenus par les russes, se targue en effet de nouvelles méthodes, a priori radicales, pour remettre au pas ses pensionnaires, devenus trop instables pour demeurer dans des prisons plus classiques. Et si encore il ne sagissait que de ça, mais lorsque la lycanthropie fait son entrée au sein de cette inquiétante assemblée, on se doute que la nuit va être longue et violente.
Quand Oz rencontre les loups-garous, cela donne un huis clos horrifique et inquiétant au possible. Ben Templesmith est un auteur malin, un brin roublard, mais au final toujours efficace, et ses livres, balancés en rafale, sils ne font pas forcément lunanimité sont toujours des petits missiles dont on se souvient. Avec Bienvenue à Hoxford, série complète bouclée en quatre épisodes en 2008, et après les zombies de 30 Days Of Night, il sattaque aux loups-garous dans une ambiance glauque et macabre au possible. Lhomme a le sens de la narration et sait capter son auditoire dès les premières pages. Ici, tout est une question dambiance et pour ce faire, Templesmith ne fait pas dans la légèreté. Son casting est constitué de tueurs multirécidivistes, de pédophiles tarés et de cannibales allumés. Pas un pour rattraper lautre et cest à qui aura le palmarès le plus déprimant. En face deux, il y a une institution qui, loin de montrer lexemple, semble encore plus dégénérée et sanguinaire. Le tout est saupoudré dun humour noir très foncé, qui aura tout de même du mal à passer selon les sensibilités.
Le style graphique de Templesmith est au diapason de son scénario : lartiste sait faire illusion. Et si dans les premiers temps il avait lair dêtre le fiston spirituel de Dave McKean et autres Sienkiewicz, on se rend compte maintenant quil nest pas au niveau. Il faut le dire, voilà un dessin finalement assez pauvre. Ces mains ! Ces trognes pas toujours proportionnées ! Ces décors inexistants. Mais là où lhomme a du génie, cest dans sa postproduction (à la fois traditionnelle à base dencres et daquarelles et numérique) quil bat tous les records et parvient finalement à imposer un style reconnaissable dès la première image. Son trait banal est ainsi transcendé par ces superpositions de calques aux couleurs tour à tour terreuses ou phosphorescentes, ces effets de textures granuleuses et de matières putrescentes, de flous, dexplosions et déclaboussures. Au final, cest la technique qui fait le style, quitte à surjouer et multiplier les tics. Les dernières pages, galerie dillustrations horrifiques donnent à voir le meilleur de son auteur ; cest ici que Templesmith le dessinateur sefface complètement derrière le bidouilleur pro de Photoshop.
Au final, dire que lon apprécie Bienvenue à Hoxford peut vous faire passer pour un sombre dégénéré. Quimporte. De temps en temps, comme on aime se délecter dun inepte film dhorreur aux dialogues idiots, il est agréable de frissonner à la lecture dun comics book qui ne cherche pas à réinventer quoique ce soit. On espère juste quaprès la vague des zombies, ça ne soit pas celle des loups-garous qui déferle.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 05/09/2011 ) Imprimer
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