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Le roi est mort ?
Mike Mignola   Hellboy en enfer (tome 1) - Secrets de famille
Delcourt - Contrebande 2014 /  16.50 € - 108.08 ffr. / 160 pages
ISBN : 978-2-7560-4816-1
FORMAT : 17,3x26,4 cm
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Hellboy est mort, vive Hellboy ! A la fin du mémorable et épique treizième tome de la série (L’Ultime Tempête), Hellboy était donc tué, après un combat musclé contre un dragon, par Nimué, la sorcière. Avec le héros cornu, c’est aussi une partie de Londres qui est totalement détruite. Et voilà donc Hellboy qui retrouve sa place première, son berceau, les Enfers.
Cette série signe le grand retour de Mignola à la fois au scénario et au dessin. Certes l’auteur avait dessiné l’épilogue du dernier tome mais c’était trop peu pour satisfaire les amateurs de son travail. Et même si le dessin de Duncan Fegredo, dans les derniers albums, était totalement convaincant – dans une démarche plus classique mais toujours efficace – il nous tardait de retrouver le style si marquant de Mignola.
Et quel chemin parcouru depuis les premiers épisodes de la série ! L’artiste travaille toujours plus ses ombres à la serpe. Il façonne ses formes et ses silhouettes avec une géométrisation extrême qui donne un côté puissant et tranchant à l’ensemble. On frôle parfois l’abstraction pure - triomphe du graphisme - juste des formes et des taches qui s’affrontent dans la case. Des contrastes seulement atténués par de francs et larges aplats de couleur. A noter d’ailleurs qu’il existe une version « luxe » de cet album, en noir et blanc ; sachant que l’un des attraits majeurs du graphisme de Mignola vient justement du mariage unique entre ces ombres profondes et ces surfaces de couleur, on peut s’interroger sur l’utilité d’une telle édition…
Le découpage d’une planche suit cette même logique d’un jeu sur les formes : le traditionnel gaufrier laisse la place à une composition carrée et robuste mais volontiers éclatée. La planche ressemble ainsi à un puzzle où chaque case doit s’imbriquer et où les vides sont constamment remplis par un détail significatif, un gros plan prégnant : une tête de mort, une statue ou même, simplement et de façon plus radicale, le noir total. Les cases se suivent ainsi élaborant un étrange rythme de lecture, entre contemplation onirique et brutales explosions.

Qu’il soit sur Terre ou dans les limbes, le quotidien de Hellboy ne change finalement pas tant que ça. Le pauvre diable passe son temps à croiser des fantômes, des démons et autres esprits aux motivations pas toujours claires. On lui rappelle sans cesse qu’il est promu à un destin exceptionnel et que le trône des enfers doit lui revenir. Cet endroit, pour Mignola, c’est d’un côté une sorte de grand trou noir, un no man’s land curieux où les esprits flottent et les démons apparaissent et disparaissent. De l’autre côté, c’est un décor de village ancien d’Europe de l’est triste et noir, perché sur un pic rocailleux, aux ruelles étroites et aux murs délabrés. Tout a été déserté, les damnés et les démons ayant quitté les lieux à l’annonce de l’arrivée de Hellboy. Quelques invités de marque sont tout de même présents, comme le Léviathan et même, c’est la moindre des choses, Satan, tapi quelque part en bas d’un l’escalier. On retrouve dans ces deux univers les affinités précises de Mignola : le fantastique pur et dur, ésotérique à souhait, et le folklore ancestral. De ce détective du paranormal au look pas possible, Mignola a réussi à façonner une figure mythique, proche des figures légendaires approchées, et qui n’a toutefois rien perdu de son caractère râleur.

En faisant passer son héros de la vie à trépas, Mike Mignola donne donc comme un second souffle à son personnage fétiche, déjà âgé de 20 ans. Dans cet opus d’humeur franchement fantastique et chimérique, et même si l’action est très présente, il ne se passe finalement pas grand-chose. Mignola laisse libre cours à ses ambiances poétiques et gothiques. On revient entre autres sur l’origine de Hellboy, ses parents, un prince démon et une jeune humaine, et son enfantement au XVIIè siècle… Les amateurs de Mignola seront également contents de retrouver l’une de ces passerelles qui relie les différentes séries concoctées par l’auteur : ici on croise à nouveau le chemin d’Edward Grey (alias le Witchfinder), présence fantomatique qui suit Hellboy depuis un moment mais qui profite de ce passage en enfer pour se dévoiler enfin à lui.

Si finalement cette nouvelle série ne change rien à la donne, c’est une avancée de plus dans une démarche d’un artiste qui n’en fait qu’à sa tête. C’est de la pure bande dessinée d’auteur, où Mignola se moque des ficelles du genre, et fait son Hellboy à sa manière depuis maintenant 20 ans. Avec ses flous, ses répliques cultes, ce mélange unique de folklore, de légendes complexes et de bastons simplistes. La cinquième et dernière partie de ce recueil est symptomatique ; il s’agit plus d’un conte revisité, où Hellboy n’est que figurant et simple spectateur ; une histoire sombre et poétique, plongée dans un fantastique noir profond à l’ambiance alanguie. Superbe.

Comme toujours avec Delcourt, un chouette cahier graphique complète l’ensemble. En plus des couvertures originales, on trouvera quelques esquisses au crayon, étonnant témoignage presque académique pour un dessinateur qui a su imposer un style tout autre.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 10/04/2014 )
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