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Bande dessinée -> Comics |
| Jeff Smith Bone (vol.1) - La Forêt sans retour Delcourt - Contrebande 2007 / 11.50 € - 75.33 ffr. / 144 pages ISBN : 978-2-7560-0659-8 FORMAT : 18x27 cm
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Tiens donc ? La saga Bone après sêtre terminée de la plus belle façon remettrait le couvert pour une nouvelle saison ? Jeff Smith aurait décidé de revenir au personnage qui la rendu célèbre et pour lequel il a obtenu de nombreux prix ? Non, rien de tout ça, puisque ce faux nouvel épisode nest rien moins que le premier volet de la version colorisée des aventures de Bone. On efface tout (mais on garde le trait noir) et on recommence donc ; Delcourt décide de rééditer toute la saga, en neuf volumes et en couleurs. Certains vont sarracher les cheveux (ou fermer les yeux), les autres (re)découvriront les exploits du petit personnage qui reste blanc lui- sous un nouveau visage, maquillé et (presque) méconnaissable.
À lorigine, cest léditeur américain Scholastic qui décide en 2004 de reprendre les planches de Smith et de publier la saga façon Technicolor. On le sait, comme pour le cinéma, le noir et blanc en bande dessinée reste malheureusement un facteur économiquement dangereux. Le noir et blanc cest lamateurisme, le vieillot, lartisanal, pire même, lintello
alors que la couleur en jette, cest sa raison dêtre, quitte à travestir luvre et lui donner des airs un peu pute. Il faut bien vendre. On se souvient dun massacre à la tablette graphique perpétré sur un Corto Maltese qui navait rien demandé.
Si Jeff Smith, longtemps réfractaire a lidée de voir les forêts de sa Vallée devenir vertes et brunes, a finalement accepté lidée cest en grande partie poussé dans le dos par Art Spiegelman qui laurait encouragé dans cette voie. Smith sest laissé convaincre par la voix de son maître et a prêté son bébé au coloriste Steve Hamaker.
Alors finalement? Ce Bone en couleurs ? Une catastrophe artistique ? Une honte ? Un prétexte pour un autodafé qui ferait sélever dans lair des effluves dencres bleues, jaunes, vertes et pas mûres ?... Encore une fois rien de tout ça ! Au contraire même, car si les puristes préfèreront toujours luvre originale de Jeff Smith, le résultat ici obtenu reste tout à fait honorable et jamais scandaleux. À lexception de quelques laids effets photoshop, Hamaker use dune palette discrète et toute en douces nuances qui ne viennent jamais encombrer le trait élégant et caractéristique de Smith. Les tons restent pastel, les teintes assez solidement unies. En fait, cest lambiance générale qui change : le noir et blanc dorigine façonnait un étrange no mans land graphique, à la fois inquiétant et poétique. Aujourdhui en couleurs, lunivers de Jeff Smith devient ouvertement plus cartoon, peut-être moins original et moins marquant, mais dune grande cohérence.
Cest donc comme une nouvelle découverte, et le plaisir de retrouver Fone Bone et ses deux cousins, chassés de leur Boneville et perdus dans la Vallée. Là, ils feront la rencontre de la jolie Thorn et de sa grand-mère qui adore battre les vaches à la course. Il y a aussi un dragon rouge (ou est-il rose ?) placide mais qui tombe toujours au bon moment, une meute de rats-garous, et un triste sire encapuchonné qui rôde sur les talons des héros. Cest le début dune grande fresque, entre Pogo et Le Seigneur des Anneaux, pleine dhumour, de fantaisie et de moments forts. Un classique de la bande dessinée à lire aujourdhui vêtu de nouveaux habits loin dêtre disgracieux.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 06/02/2007 ) Imprimer | | |
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