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Bande dessinée -> Fantastique |
| Ben McCool Ben Templesmith Choker Delcourt - Contrebande 2012 / 14.95 € - 97.92 ffr. / 144 pages ISBN : 978-2-7560-2320-5 FORMAT : 16,7x25,7 cm Imprimer
Pour le bonheur de quelques-uns, Delcourt continue de traduire les travaux de Ben Templesmith, auteur rusé et roublard au style immédiatement reconnaissable. Avec Choker, le jeune auteur aidé cette fois dun scénariste continue duvrer dans la veine horrifico-gore-rigolo-explosive déjà présente dans 30 jours de nuit (son premier et sans doute meilleur travail jusquà présent), Fell, Wormwood, ou le récent Bienvenue à Hoxford. Choker, cest une mini-série de 6 épisodes, parue chez Image de février 2010 à mars 2012. On y suit le chemin dun ancien flic, devenu un pas grand-chose entre détective privé et paparazzo, dans une ville sale et moisie, pourrie par la drogue, la corruption et la violence. Cest Shotgun City, ce genre de ville où il ne fait jamais jour et où il vaut mieux sortir armé, même pour aller chercher le courrier. Pour les besoins dune enquête, Jackson est rappelé par ses anciens supérieurs ; le revoilà dans larène, à la poursuite dun ennemi dautrefois qui lui en veut un peu beaucoup. Ca va saigner donc. À gros flots et un peu partout.
Le livre est loin de faire dans la finesse et se complait même dans une vulgarité crasse et de lourds clichés. Mais son aspect résolument débile achève demporter la sympathie. Il sagit ni plus ni moins que de la caricature de bande dessinée pour geeks, avec grosses bastons, vampires laids, et flingues énormes, mais cest aussi, quelque part, le retour à une certaine punk attitude réjouissante, anarchy in the comics. Dautant que le scénario de McCool (ce nom à la classe) met résolument tout le monde pas daccord et envoie valdinguer la bienséance. Ici, il nest question que de drogues, dabrutis, de corrompus et de décérébrés. Pas de place pour la finesse, et comme il est dit dans ces pages, « La dignité, tu risques pas den trouver dans le quartier
». Et derrière ce côté bourrin, on sent bien le second degré, la grosse farce, et lenvie de provoquer un peu son lecteur, gentiment.
Là où la déception pointe vraiment son nez, cest dans le style de plus en plus plan plan de Templesmith. Le problème cest que ce qui était une patte sapparente au fil du temps quasiment à une imposture. Toutes les cases de cet album se ressemblent et procèdent de la même technique : un vague dessin au trait, souvent bâclé (aïe ces profils ! ouille ces mains !!), le tout dissimulé par un amas de textures numériques et relevé dun halo de lumière toujours placé au même endroit. Quelques flous rendront lidée de mouvement. Ça peut faire son effet lorsquon passe rapidement dune page à lautre, mais cest tout de même assez limité.
Malgré tout, on se laisse prendre et lon découvre ce comics nigaud et lourdaud avec un intérêt certain. La faute à qui ? À ce côté « mauvais élève », tâcheron qui tache sans doute. Ou lart de faire passer les pires âneries avec un bel aplomb.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 03/09/2012 ) Imprimer
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