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Bande dessinée -> Fantastique |
| Frank Leclercq Téhy Fée et tendres Automates - Tome 3 : Wolfgang Miyaké Vents d'ouest - Fantastique 2003 / 12 € - 78.6 ffr. / 48 pages ISBN : 2749300886 FORMAT : 32,3 x 22,8 cm
Disponible aussi en édition collector avec étui comprenant trois ex-libris et un marque-page (14.99 / ISBN : 2749300894).
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Cest léternelle histoire de lombre contre la lumière. A Carlotta, lAncien Monde se meurt, déchiré par les guerillas révolutionnaires. La folie a conduit les hommes à la famine et à la rage destructrice. Un seul dentre eux semble saccrocher à un rêve : Mister Sir Crumpetts cherche «lil-fée», lenchantement dans le regard de ses créatures. Le vieil homme a passé son existence à fabriquer des automates, persuadé quil va finir par réussir à donner vie à un être aussi merveilleux que ceux dont il a vu limage dans de vieux livres de contes. Jam est lun deux, peut-être le millième, encore un brouillon. La première parole quil entend est quil est inutile, la première vision du dehors est une ville en feu : «Tu as devant toi les hommes, petit Jam, la race la plus suicidaire qui soit.»
Entre la torpeur qui lhabite et la violence du monde extérieur, Jam passe ses journées à flâner dans les couloirs de la forteresse-cathédrale où vivent les pantins et leur démiurge. Cest au hasard de ses errances quil découvre une fée-automate, dune beauté étonnante, mais laissée à labandon par Mister Sir Crumpetts. Jam en est sûr, cest elle qui a lil-fée : il faut absolument que son créateur achève son uvre. Mais il est trop tard ; en quête de nourriture, les hommes pénètrent dans cet univers jusque-là préservé et y sèment la mort. Crumpetts parvient in extremis à sauver Jam et la fée en les plaçant dans des containers de congélation.
Plus de cent ans après, Jam se réveille dans un monde en plein chaos, sous le règne de lEmpereur Miyaké, troisième du nom. Il découvre que sa fée est exposée dans un musée, après avoir été, pendant des années, la plus courtisée des automates-prostituées sous lEre des Plaisirs qui vient de sachever. Jam na plus quune idée en tête : la retrouver. Mais lEmpereur Wolfgang Miyaké est rongé par un étrange venin. Sa mort approche, et celle de Carlotta aussi : «Tout exploser, tout détruire, partir dans un fracas de feu
» Avant la grande nuit, Wolfgang Miyaké veut se perdre dans les bras de la «plus belle des fées». Qui parviendra le premier jusquà elle : Jam, prince de la lumière, ou Miyaké, empereur de lombre ?
Une écriture délicate, des dessins et des couleurs superbes, une construction complexe mais maîtrisée font de ce tryptique une très belle uvre, dune grande poésie. Frank Leclercq et Téhy (également scénariste) ont pris le relais de Béatrice Tillier pour le dessin de ce troisième tome, presque sans couture : les plans sont toujours aussi travaillés, les décors soignés. Le sentiment dun dessin plus anguleux vient sans doute en grande partie de la mise en couleur de ce tome, moins «impressionniste» que les précédents (et à ce titre, plus banale). Le scénario parvient, jusquau bout, à maintenir un subtil équilibre entre la violence dun souffle épique et la douceur dun conte onirique. Il faut dire que si Fée et tendres Automates est remarquable doriginalité, lhistoire se nourrit de thèmes éternels : la recherche de la pureté originelle, le combat du bien et du mal, la décadence sexuelle contre lamour idéal, le rêve et le repli sur soi comme fuite de la réalité. Le monde des automates opposé à celui des hommes renvoie bien sûr à lenfance et aux désillusions du passage à lâge adulte.
Mais puiser dans des thèmes classiques ne suffit pas à faire une belle uvre : il faut une appropriation, la personnalité dun regard, le talent dune mise en scène. Cest le cas ici. Une BD à découvrir absolument.
Anne Bleuzen ( Mis en ligne le 10/07/2003 ) Imprimer | | |
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