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Bande dessinée -> Fantastique |
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La Belle et la Grosse Bête | | | Pierre Wazem Frederik Peeters Koma (tome 1) - La Voix des cheminées Les Humanoïdes associés 2003 / 10 € - 65.5 ffr. / 48 pages ISBN : 2-7316-6318-9 FORMAT : 22,5 x 29,7 cm Imprimer
Il y a dabord cette petite fille qui a (presque) un nom de baskets, Addidas. Atteinte dun mal inconnu, elle continue pourtant à aider son père dans son difficile métier de ramoneur. La mère est absente, emportée par la maladie quelque temps plus tôt. Il y a cette ville, croisement original entre New York (pour les cheminées gratte-ciel), Hong Kong (pour la nuit urbaine et les affiches publicitaires) et Manchester (pour cette image de triste banlieue mangée par le smog). Et il y a ces créatures des profondeurs, mystérieuses grosses bêtes aux prises avec dencore plus mystérieuses machines.
Addidas et son père nen finissent plus de consulter médecins et autres spécialistes en espérant que lun deux pourra trouver lorigine des mystérieux évanouissements à répétition de la fillette. Hélas, personne nest dun grand secours et lon retourne alors aux cheminées comme à la mine, dans lespoir de voir un jour tout cela finir et peut-être découvrir, derrière le jaune gris ambiant, la verte campagne.
Avec cette nouvelle série prévue en six tomes (au moins !), Pierre Wazem et Frederik Peeters tiennent sans doute leur projet le plus grand public depuis le début de leur (toute jeune) carrière. Loin de leurs albums antérieurs parfois plus austères daccès (Bretagne et Comme une rivière pour lun, Pilules bleues et Lupus pour lautre), Koma revisite avec habileté le conte pour enfants. Les personnages immédiatement attachants, le parcours initiatique, et les questions plus adultes sous-jacentes ; tout est là pour rappeler les grands classiques du conte. Le petit écart avec la tradition tient sans doute dans lunivers mis en place par les deux auteurs, original mélange de steampunk et de mignon. Un monde étonnant, mais cohérent dans son absurdité (toutes ces cheminées qui semblent nappartenir à aucune maison !) et dont on aimerait découvrir les coins et recoins. Il y a dans ce premier opus tout ce quil faut pour que la série, en espérant quelle continue sur ces rails, devienne un futur classique. Mêlant bons sentiments, poésie et tendresse, Koma se rapprocherait des films de Miyasaki tant dans la façon de mettre en scène ses personnages (les grands sourires désarmants de la fillette) que dans les thèmes abordés (le gros monstre gentil à la Totoro, lécologie).
Dessinateur ultra doué, Peeters na pas besoin de plus de trois cases pour faire exister ses personnages avec une belle épaisseur. Son trait au pinceau est toujours vivant et juste. La mise en couleur évite le piège du joli pour laisser planer sur ces personnages une lumière empreinte dune certaine tristesse, comme un continuel crépuscule.
Ces quarante-huit planches (qui se lisent quarante-huit fois trop vite) laissent de nombreuses questions sans réponse et présagent dune belle et émouvante série.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 07/11/2003 ) Imprimer
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