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Bande dessinée -> Fantastique |
| Joann Sfar Lewis Trondheim Stanislas Donjon Monsters (tome 11) - Le Grand Animateur Delcourt 2007 / 9.80 € - 64.19 ffr. / 48 pages ISBN : 978-2-7560-0213-2 FORMAT : 23x30 cm Imprimer
Avec ce nouvel opus de la saga Donjon, la paire de scénaristes Sfar et Trondheim recule encore plus les limites de leur univers en constante extension. En attendant limplosion quon espère la plus lointaine possible, voici donc un épisode qui revient longtemps en arrière, lorsque le Donjon nexistait pas et que Herbert et Marvin nétaient pas nés. Avant le cycle dAntipolis et son atmosphère de Renaissance crépusculaire, il y avait donc Canard-Ville, ses ducs et vicomtes, ses châteaux forts médiévaux
et son escouade dautomates.
Benoît Vaucanson est le Grand Animateur du titre. Linventeur, avec son frère, des monstres-goussets et dune ribambelle dautres robots à tête de canard, comme un certain Cormor, dune très grande intelligence mais incapable de mentir. Canard-Ville est aujourdhui en alerte lorsquon apprend quune armée de 20000 orques aussi stupides que sanguinaires est en route pour détruire la cité après avoir saccagé Clérembard. À la tête de larmée, un certain Robert Le Gueux en quête des sept objets du destin. Les automates de Vaucanson seront-ils suffisants pour repousser ces assauts ? Dautant que Julien, le frère de Benoît revient des entrailles de la terre avec une terrible prophétie : le faiseur de robots va mourir et Canard-Ville sera rasée
En faisant du « Grand Animateur » un album précurseur, une préquelle bien avancée, Sfar et Trondheim tissent leur scénario avec des balises précises, des éléments à placer ici et là pour éclairer des événements à venir par la suite, et distillent des explications plus ou moins précieuses sur quelques personnages. Le fan de la série sera ainsi sollicité en permanence, apprenant un peu plus sur le Mal Absolu, sur Isidore le palefrenier et la façon dont lépée du destin lui est parvenue dans les mains, ou sur les origines de Cormor, futur ami de Hyacinthe.
Pour le lecteur un peu moins impliqué, « Le Grand Animateur » reste une très agréable lecture : le scénario, très riche et mouvementé, reste très bien construit, et procure quelques savoureux moments. On appréciera ainsi la mise en place de Canard-Ville, ses intrigues politiques et ses machinations souterraines. Une bataille homérique entre armée dorques, automates et puissantes créatures surgies de quelques sortilèges diaboliques finit lalbum avec beaucoup de panache.
Quant au dessin de Stanislas, il joue dun joli mélange de naïveté et de dynamisme. En singeant de loin le style de quelques enluminures médiévales, il parvient à donner à cet épisode une couleur particulière, faussement rigide et délicate, une identité précise et un regard différent comme le veut la tradition des « Monsters ». Sa ligne claire, ici un peu plus abîmée quà lhabitude, se frotte plutôt adroitement à lunivers et aux personnages et le découpage rigoureusement ciselé offre une suite de planches plutôt réussies.
Un épisode intéressant donc, à réserver en priorité aux fans pour qui il deviendra source déclaircissements (ou de pinaillages !) et première pierre officielle posée dans la chronologie de Donjon.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 20/09/2007 ) Imprimer
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