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Bande dessinée -> Science-fiction |
| Valérie Mangin Lionel Chouin Denis Bajram Les Mémoires mortes (tome 2) - Océan sans eau Les Humanoïdes associés 2003 / 12.35 € - 80.89 ffr. / 48 pages ISBN : 2731614617 FORMAT : 24 x 33 cm Imprimer
Sil y a une constante dans les récits de futurs post-apocalyptiques, cest le lieu où laction se déroule : lAmérique du Nord en général, et particulièrement New York. La Mecque de la technologie illustre, plus que dautres cités, la puissance du progrès ainsi que ses limites et ses faillites possibles. Cest en loccurrence la situation du New York de 2366. Dans une ville dévastée par une guerre civile et abandonnée aux clans, une mère (Jalna) et son fils (Abram) tentent de survivre. De fait, le monde a changé : lAtlantique a disparu sous le feu nucléaire, la civilisation a régressé en une société quasi féodale (tendance barbare) contrôlée par une secte anti-technologique. Mais la technologie honnie a survécu : via le «projet Anubis», elle permet à un magnat mort 300 ans plus tôt, Anton Burks, de prendre possession du jeune Abram via une mémoire conservée informatiquement, et ce, dans le dessein de reconquérir son pouvoir. Limmortalité électronique
Devenu le prophète dun clan de pillards (dotés dexosquelettes), Burks entreprend sa nouvelle guerre en sappuyant sur les ressources technologiques qui demeurent, contrôlées par la milice. Direction Jérusalem pour ce qui pourrait ressembler à une nouvelle croisade sur fond de prophéties
Sur un scénario fort riche de Mangin et Bajram, cette bande dessinée est une bonne illustration du genre post-apocalyptique (trop rare en BD), avec cet avantage supplémentaire que les origines de la catastrophe originelle nous sont expliquées dans le cours même de lhistoire et sy intègrent. Cest une satisfaction pour le lecteur de pouvoir pénétrer dans un univers cohérent, dont il découvre les tenants et les aboutissants : trop souvent dans les récits de science-fiction, le scénariste se contente de larguer son public dans un futur lointain et relativement hermétique. Hélas, le graphisme nest pas toujours à la hauteur, et si, par moment, Chouin est véritablement inspiré dans le cadrage et le découpage, le dessin des personnages savère moins convainquant. En effet, les images sont conçues de manière cinématographique, et lon croirait que lalbum a été pensé en ce sens. Notamment pour les explosions, fort bien figurées. Mais les visages et les corps sont souvent trop semblables, le trait est maladroit et contraste avec des décors plutôt bien pensés et qui préservent le côté démesuré de Big Apple, même après la catastrophe.
Il sagit donc dune bande dessinée à découvrir, pour une histoire bien menée, pleine daction, et qui intéressera les amateurs de science-fiction. Mais il faudra pour cela dépasser les limites dun coup de crayon qui aurait gagné à être plus attentif et appliqué. Lapocalypse nautorise pas le flou, même artistique.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 17/04/2004 ) Imprimer | | |
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