| Alexandro Jodorowsky Zoran Janjetov Fred Beltran Les Technopères (tome 7) - Le jeu parfait Les Humanoïdes associés 2005 / 12.60 € - 82.53 ffr. / 48 pages ISBN : 2731617071 FORMAT : 24 x 32 cm Imprimer
Voilà déjà 6 albums que Albino, grand maître des jeux de réalité virtuelle, aidé de Tinigrifi, son animal et sa conscience, emmène ses disciples à travers lespace, fuyant une société de consommation totalitaire. Et pour égayer ses disciples, il leur raconte lhistoire de son étrange famille, née dun viol, son histoire, sa formation techno, ses combats contre ses pairs, la découverte de son mentor et de ses pouvoirs. Ce nouvel album prolonge la quête et révèle enfin la manière dont Albino a rassemblé ses disciples, et où il les emmène. Cest une fuite, éperdue, jusquaux portes de lunivers connu (mais quy a-t-il derrière ?), pourchassé par toute la secte techno-techno et ses forteresses spatiales. La bataille est inévitable : il ne sagit désormais plus de jeu, mais de réalité, dune sordide guerre commerciale entre idéalistes et matérialistes sans scrupules. Vaincre ou fuir ? Telle est la question qui se pose désormais pour Albino et les siens.
Les Technopères, cest un peu léquivalent BD de Dune : une fresque SF originale, sidérale, démesurée, avec en toile de fond, le motif biblique (Moïse, la terre promise, les armées de Pharaon
). Cest aussi une histoire de lesprit humain, aux prises avec le matérialisme commercial, la société de consommation : Jodorowsky est un fou, visionnaire, militant dont les uvres reflètent les inquiétudes (lavenir de la société, la question écologique, les rapports ambigus entre lhomme et la machine). Avec ce long récit, dans un univers désormais dilaté entre diverses séries (La Caste des Métabarons, Les aventures de lIncal), le lecteur se retrouve entraîné dans un voyage sans fin, dune beauté intrigante. Il faut dire que le graphisme perfectionniste de Janjetov, et la mise en couleur de Beltran (Megalex) y font énormément : donner corps aux visions de Jodorowsky est déjà une performance en soi, quil faut saluer. Le style est du reste reconnaissable entre tous : les personnages sont dune beauté glacée, inhumaine, les décors, lissés, ambitieux, démesurés alternent avec lespace sans fin, les batailles spatiales, vastes et complexes, sont de véritables feux dartifice dessinés, jouant sur des jeux de lumière qui irradient les pages. Bref, cest beau et cest bon : le voyage peut continuer encore longtemps, les lecteurs suivront !
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 09/07/2005 ) Imprimer | | |