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| Bande dessinée -> Chroniques - Autobiographie |
| Jirô Taniguchi Un zoo en hiver
Casterman - Ecritures 2009 / 14 € - 91.7 ffr. / 232 pages
ISBN : 9782203020993
FORMAT : 17x24 cm
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Nous sommes au Japon, au milieu des années 60. Mitsuo Hamaguchi est un jeune homme amateur de dessins qui vient régulièrement au zoo croquer les animaux. À Tokyo, il va trouver du travail chez un grand dessinateur de mangas et va devenir lune de ses nombreuses petites mains. Hamaguchi tire les traits, trame les pages, encre des lignes. Les délais sont souvent serrés et les heures ne se comptent plus. Tout latelier trime tandis que le maître finit ses bières au bar
Pour Hamaguchi, ce sont les premiers mois dune carrière quil imagine grandiose. Tous les assistants cherchent à sortir leur épingle du jeu et dessinent leur propre manga. Le jeune dessinateur se force lui aussi à se mettre au travail mais linspiration est chiche et la motivation laborieuse. Il faudra une rencontre cruciale, celle de la jeune fille malade Mariko, pour que Hamaguchi trouve enfin la force et lambition nécessaire pour satteler à la tache.
Taniguchi ne sen cache pas: pour Un zoo en hiver, le dessinateur a puisé dans ses propres souvenirs. Le parcours dun jeune homme timide et solitaire dans le monde à la fois artisanal et trépidant des mangakas sonne ici toujours vrai et pertinent. Mais lalbum a, au-delà de son caractère de chronique de lego, une véritable histoire à raconter, une thématique à dérouler. Ainsi, le livre est composé de sept longs chapitres, autant dévénements qui jalonnent le début de carrière de lapprenti dessinateur et façonnent peu à peu une personnalité dauteur, un tempérament dartiste. Ainsi, Hamaguchi fait successivement face au regard des autres, celui de sa famille, à ses propres angoisses, ses doutes et ses motivations profondes. Rares sont les ouvrages où limage de lartiste apparaît ainsi de façon aussi triviale, bêtement simpliste : Hamaguchi na pas forcément envie de se mettre au travail, il regarde le travail des autres avec envie, mais ne fait rien de son côté, il paresse et soupire pendant que dautres saffairent. On est loin de lidée de lartiste maudit écorché, seul et retranché et qui ferait corps avec son uvre
Ici, tout est plus terre-à-terre, plus platement éreintant et il faudra lintervention dune tierce personne la jolie Mariko pour quenfin lartiste sente ses ailes pousser. Si Hamaguchi fait finalement de la bande dessinée, ça nest pas pour lui-même mais bien pour les autres. Et si Taniguchi continue de nous fasciner, cest sans doute pour les mêmes raisons
La ligne claire du maître et sa narration limpide sont à limage de cette esthétique : le récit est ainsi à portée de tous, raconté avec la plus pure transparence, laissant son auteur en retrait pour qui ne sattarde pas sur les détails.
Lensemble tombe parfois dans le mélo le péché mignon de lauteur mais reste toujours passionnant à suivre. Et même si on peut commencer à penser que les grands chefs-duvre de Taniguchi sont désormais définitivement derrière lui (Quartier lointain, LHomme qui marche et Le Journal de mon père en tête
), ce Zoo en hiver reste une belle réussite, un très beau moment de bande dessinée, sensible et réfléchi, raconté avec lélégance et la simplicité de celui qui maîtrise définitivement son art.
Alexis Laballery
( Mis en ligne le 23/06/2009 )
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