| Bastien Quignon Trois jours en été Actes Sud - l'An 2 2010 / 19.50 € - 127.73 ffr. / 96 pages ISBN : 978-2-7427-9065-4 FORMAT : 20x27 cm Imprimer
Cest le mois de juin, le début des vacances. Gaël passe lété avec ses parents, quelque part au soleil. Il a 11 ans, entre deux âges, encore enfant, encore bébé, pas encore vraiment un adolescent. Face à lui, il y a à Alban, 15 ans. Forcément plus grand, forcément plus impressionnant. Les deux garçons se retrouvent chaque jour, battant la campagne sèche, sous la chaleur plombante. Pas grand-chose à faire dans cette région. Quelques bêtises par-ci par là, et le reste du temps à êtres désoeuvrés, à taquiner lautre, à le bousculer. Le livre est un moment de vécu, lorsque ladolescence cruelle et maladroite cherche à saffirmer, à se rassurer, quitte à provoquer et devenir bêtement violente. Lamitié et la complicité seraient des preuves de faiblesse: il sagit dêtre un dur, un chef.
Il ne faut pas beaucoup de cases à Bastien Quignon pour camper une ambiance : un été chaud, long, des parents absents, des ronces, des pleurs, des nuits lourdes
À vingt-cinq ans, et pour son premier livre, ce jeune auteur prouve déjà une belle maîtrise tant dans ses dessins (beau et audacieux trait au crayon), que dans la manière de raconter (des instants de silence, des vues subjectives qui donnent plusieurs sens à une même scène). Bastien Quignon nen fait jamais trop. Il connaît déjà bien la portée des images pour ne pas lencombrer de dialogues inutiles. Tout est dans les regards, les gestes captés, les attitudes. Le thème est de même évocateur et sonnera comme un air entendu pour bien des lecteurs.
Laction est resserrée : trois jours, trois parties et au final, malheureusement, comme un petit goût dinachevé. À peine le temps de sattacher vraiment aux deux personnages que la fin approche. Le récit se veut comme un instant capté au vol, brutale extraction de réel, sans début ni fin, laissant le lecteur prolonger à son envie cette parenthèse estivale. Cest tout à lhonneur de Bastien Quignon de bousculer les règles du récit classique, mais lon a aussi parfois envie dêtre pris par la main, mené par le bout du nez. Aussi, peut-être quun quatrième jour de villégiature naurait pas été du luxe
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 21/06/2010 ) Imprimer | | |