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Bande dessinée -> Chroniques - Autobiographie |
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Quand vient la fin de l’été | | | Pablo Auladell La Tour Blanche Actes Sud - l'An 2 2010 / 18 € - 117.9 ffr. / 96 pages ISBN : 978-2-7427-9260-3 FORMAT : 16,5x24 cm Imprimer
Cest la fin de lété, dans une petite ville balnéaire, un homme revient sur les lieux de son enfance, là où il avait lhabitude de passer ses vacances. Il na plus douze ans, il est maintenant plus grand, plus gros, mais toujours un peu empoté. Cétait lui le timide du groupe, celui sur qui lon tapait le premier, toujours le plus facile à vanner, toujours en retrait, toujours oublié. Parmi les souvenirs qui se bousculent et qui lincitent à revenir ici, cet homme sans nom est mu par celui dune jeune fille. Jolie, trop jolie pour lui qui na pas osé lapprocher.
Si nous étions en littérature, nous serions ici face à une nouvelle. Une parenthèse, plus quune histoire, la capture dun moment, avec ses sensations, ses lieux, ses émotions. La trame de Pablo Auladell est universelle et joue dune certaine évidence. La jeunesse envolée laisse la place à lâge adulte a priori plus sûr et responsable, avant que ne reviennent, toujours de paire et au galop, mélancolie et nostalgie. Alors, comme pour contrer cela, on revient sur les lieux du crime, on retourne hanter ces endroits que lon connaissait par cur, pour retrouver quelque chose, quelquun, qui nous prouverait que tout cela nest pas complètement fini.
Sur place, lhomme retrouve les compagnons de son enfance, ceux de son imaginaire dabord, comme cette licorne en peluche qui ressurgit soudainement, présence rescapée de lenfance, comme un doudou de protection qui serait resté là, prêt à accueillir lenfant devenu adulte.
Et puis il y a cette jeune fille devenue femme et qui na pas bougé dendroit, toujours installée à la même place, dans la boutique près de la plage. Cette dernière ne se souvient pas de lhomme. Il reste un anonyme, un visage qui névoque rien, un fantôme qui parle aux fantômes et sur les traces dun passé définitivement envolé. La mer autrefois claire est devenue trouble, les hôtels sont plus nombreux sur la plage. Restent quelques vestiges, quelques traces qui ravivent les épisodes dune jeunesse parfois douloureuse, mais finalement banale.
Le traitement graphique de Pablo Auladell est remarquable. Son dessin déforme subtilement les silhouettes sans jamais les enlaidir. Ses jeunes filles ont des têtes trop petites pour des cous trop longs et des membres trop fins qui les rendent malgré tout graciles et élégantes. Les garçons ont des gros cous, des petites mains, et des dents pointues pour les plus méchants. Le personnage principal est fait dune forme toute ronde, couplée à des membres réduits, accentuant ainsi, sans le rendre ridicule, son côté penaud. Les époques ont aussi leur différentes ambiances : pour le présent, le dessin est en gris, servi par un trait filiforme et pointu. Pour les séquences du passé, les couleurs cette fois de la partie, sont floues et granuleuses, comme pour évoquer lincertitude de la mémoire, lorsque les images mentales se brouillent et que ne restent que quelques vagues effluves visuelles.
Lalbum est très réussi, très touchant malgré un sujet déjà vu. Lauteur sait prendre son temps et ne sembarrasse pas de fausses intrigues pour rendre son récit attachant. Tout nest ici quaffaire de sensations, et de temps volatile : il passe parfois trop vite avant de séterniser sur un moment.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 02/11/2010 ) Imprimer | | |
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