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Improbable
Jim Ottaviani   Dave Myrick   Feynman
Vuibert 2012 /  21 € - 137.55 ffr. / 272 pages
ISBN : 978-2-311-00960-6
FORMAT : 17x24 cm
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Richard Feynman est une célébrité méconnue : prix Nobel de physique (1965), il débute sa carrière à Los Alamos et participe à l’élaboration de la bombe atomique… Par la suite, le MIT, Caltech, Princeton, etc. . se disputeront ses faveurs. La vie normale d’une grosse tête férue de physique théorique et spécialiste des QED ? Rien de bien enthousiasmant en théorie. Mais Feynman est un personnage autrement plus complexe qu’une calculatrice et autrement plus amusant qu’un ordinateur : joueur de bongo dans une formation brésilienne, arpenteur de plages (un physicien péripatéticien dirait-on ?), amateur de blagues de collégien, fan de striptease (il défendra – seul – une boîte de striptease condamnée à fermer) et surtout pédagogue surdoué, l’homme ne se laisse pas facilement prendre au piège de la notice nécrologique. Il fallait, pour le saisir dans toute son originalité, une démarche autre et la bande dessinée semble le média parfait. Ce roman graphique entreprend donc de restituer Richard Feynman au naturel : outre le physicien surdoué et ses recherches, qui, par le biais du scénario, s’adresse au lecteur et lui confie ses doutes, ses joies, on découvre aussi un homme confronté à de nombreuses questions existentielles, au tempérament franchement iconoclaste, voire un tantinet rebelle. L’homme ne se laisse pas aisément cerner, aime casser son image (celle du physicien en blouse blanche) et se moque autant de lui-même que des conventions. Improbable, mais extrêmement séduisant.

Feynman pose une question souvent déclinée, et qui touche aux limites du neuvième art : la vie d’un physicien nobelisée peut-elle faire un bon scénario pour un roman graphique ? La force d’évocation de la bande dessinée ne risque-t-elle pas de se heurter à l’hermétisme d’une pensée abstraite ? La question se pose, d’autant plus si l’on espère donner une synthèse accessible des travaux dudit physicien (ici : des questions liées à l’optique et la physique quantique…) au lecteur lambda. Il s’agit pour le scénariste de « rendre » un personnage, dans toute sa fantaisie et dans son intégrité, lui donner une épaisseur, ne pas le limiter à ses recherches ni à un parcours linéaire, du premier livre de maths au prix Nobel, mais saisir au contraire le sel de cette vie. Un enjeu qui est également celui du dessinateur, qui doit parfois mettre en scène le fonctionnement de l’intelligence, ou encore trouver des schémas clairs pour expliquer des débats scientifiques complexes : bref, un sujet sur lequel on pourrait toucher les limites du medium et de la mise en scène. Toutefois, Feynman est, déjà, un bon client, gentiment excentrique, et dont la vie suit une logique particulière que les auteurs ont réussie à restituer. De plus, l’homme a un charisme assez fort pour exciter la curiosité et emporter l’adhésion : on le suit d’une plage à un club de striptease, on assiste à l’une de ses conférences, on l’observe en train de réfléchir, de chercher (et de trouver). Surtout, les auteurs ont su communiquer au lecteur l’espèce de folie qui l’habite, ce sentiment de n’être jamais vraiment à la place où on l’attend, cette envie perpétuelle de fuir les normes. Ils sont également parvenu à restituer l’une des questions majeures du physicien : comment expliquer simplement quelque chose de complexe ? car au fond, que l’on fasse de la physique théorique ou que l’on essaie de restituer une existence dans toute sa complexité, l’enjeu est le même.

C’est surtout la démonstration, scientifique, que la bande dessinée peut s’attaquer à des domaines très inattendus : après l’extraordinaire Logicomix, et sa réflexion, graphiquement maîtrisée, sur la logique mathématique et la vie de Bertrand Russell. Après Les Deux du balcon (et toute l’œuvre de Francis Masse, dans un genre très différent mais tout autant porté par des questionnements scientifiques), ce Feynman – et ses réflexions sur la pédagogie et la difficulté de communiquer, intéressera certainement les amateurs de physique. Surtout, il surprendra les fans de BD, en quête d’un roman graphique subtil et inspirant, et de côtoyer le génie, et le vertige d’une immense intelligence.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 05/06/2012 )
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