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La vie est une dure lutte | | | François Bégaudeau Clément Oubrerie Mâle occidental contemporain Delcourt - Mirages 2013 / 14.95 € - 97.92 ffr. / 96 pages ISBN : 978-2-7560-4009-7 FORMAT : 20x24 cm Imprimer
Thomas est un jeune parisien, avec toutes les étiquettes possibles : bobo, métrosexuel, adulescent
et célibataire, terriblement célibataire. Il y a en lui du Casanova, une pulsion de drague constante et raisonnée, qui le pousse à aborder chaque joli minois, envisager une stratégie, une accroche, un compliment, une invite. Mais Casanova vivait au XVIIIe siècle, et Thomas chasse sans grand succès au XXIe siècle. Entre temps, les femmes avaient évolué. Il est pourtant persévérant, des terrasses de café aux sites de rencontre. Il arpente le pavé avec les manifs féministes, milite au sein des Femen, hante les expos dartistes pour faire la démonstration de sa sensibilité, de sa gentillesse. Il est poli avec sa voisine, demande lautorisation avant un baiser et tient la porte aux dames, sessaie même au travestissement pour comprendre ses proies. Mais il nest plus dépoque, et sa longue quête relativement infructueuse dune partenaire lentraîne dans une enquête sur la femme moderne, autonome, libérée et bientôt séductrice, dominatrice.
François Bégaudeau (romancier, auteur entre autres de Jouer juste et Entre les murs), au scénario, et Clément Oubrerie (Aya de Yopougon) au pinceau se sont manifestement bien amusés à imaginer les aventures, et déconfitures de Thomas. Avec un brin de sadisme et suivant une tradition illustrée naguère par les albums du regretté Gérard Lauzier ils infligent à Thomas une succession de revers qui sont autant de portraits en creux de femmes indépendantes et libérées. Dune certaine manière, Thomas est lhomme daujourdhui, celui dont la mère était féministe, confronté aux femmes de demain, au féminisme assimilé, dépassé ou renouvelé. Une grosse incompréhension, racontée par un François Bégaudeau très à laise dans ce format blog (louvrage a été pré-publié dans Libération, lété 2013), qui fustige, avec un humour léger, son héros. Quant au graphisme de Clément Oubrerie, il a cette fraîcheur qui avait tant réussi à Aya de Yopougon, avec cette attention aux individus, aux silhouettes, aux postures du corps, autant quaux personnalités baroques. Le regard porté sur luniverselle histoire de la rencontre entre hommes et femmes est léger, drôle sans vulgarité, un peu poétique aussi. On samuse des tentatives qui se terminent en eau de boudin, on vibre, avec Thomas, à la première ouverture un peu sérieuse
un album de garçon, mais peut être aussi un album pour les filles, loin de Mars et Vénus, à parcourir à la terrasse dun café en attendant celui ou celle qui
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 12/11/2013 ) Imprimer
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