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Deep White
Emmanuel Lepage   François Lepage   La Lune est blanche
Futuropolis 2014 /  29 € - 189.95 ffr. / 256 pages
ISBN : 9782754810289
FORMAT : 23x32,5 cm
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Un voyage au Pôle Sud, en Terre Adélie, afin de poser les pieds sur ce continent – le sixième, le dernier des continents connus, le « continent des superlatifs », le plus extrême, le plus inhospitalier, et qui restera, pour longtemps, le plus inaccessible. Qui refuserait pareille aventure ? C’est la proposition qui est faite à François et Emmanuel Lepage par l’Institut Paul Emile Victor, après un premier album magistral (Voyage aux îles de la désolation) consacré aux domaine austral de la France. Il s’agit donc de partir encore plus au Sud, pour accompagner le Raid, la caravane d’autochenille qui va ravitailler l’équipe scientifique franco-italienne de la station Concordia, 1200 km à l’intérieur des terres. On part, avec les auteurs, de Tasmanie, sur un navire sans quille, l’Astrolabe (et donc assez fragile sur l’un des océans les moins stables du globe : ambiance « machine à laver » en cas de vagues). Puis c’est l’océan, qui peu à peu se couvre de glace jusqu’aux premiers icebergs et un beau jour, loin devant, sous un ciel de plomb et dans un océan blanc et glacé : l’Antarctique, telle une forteresse. L’aventure pourrait s’arrêter là, après une traversée au long cours, sur la Terre Adélie… mais il faut maintenant s’enfoncer dans ce désert de glace, à la tête d’un convoi, tracer une piste dans les tempêtes de neige, les congères, le blizzard ou simplement le blanc, qui nie le ciel et le sol, vivre isolé dans une cabine, dans une routine rythmée par les problèmes mécaniques divers et les moments de repos. On dirait une version polaire du Salaire de la peur avec, après 13 jours de convoi, l’arrivée à Concordia, sur une autre planète encore. Entre-temps, une odyssée, haletante, un duel intimiste entre l’homme et la planète. Un pareil scénario, Hollywood en rêverait sans doute…

Et pour narrer une odyssée, il faut des conteurs. L’un, Emmanuel, dessine (et bien : Muchacho, Un printemps à Tchernobyl, etc..), l’autre, François, photographie, mais les deux frères Lepage font ici équipe pour un album en forme de reportage dessiné, ponctué de clichés sublimes sur ce monde extra-terrestre qu’on appelle l’Antarctique. Le récit est étonnant, exotique au point d’en être fantastique, et à cet égard, les allusions à Star Wars, ou à la conquête de la Lune (p. 191) sont significatives. La complicité entre les deux frères s’expose et le lecteur, passant du dessin à la photo, passe d’un regard à l’autre, pour une même expérience. Depuis Le Photographe, on sait que la recette, lorsqu’elle est bien menée, donne un résultat forcément émouvant : La Lune est blanche est, à cet égard, dans la lignée des grands reportages dessinés. Avec cet album, on partage le quotidien des auteurs, la découverte de l’océan austral et de la vie à bord d’une coque de noix, la tension devant le paysage qui change, la mer qui devient glace, solide, l’intimité croissante entre ceux qui partagent une même histoire hors du monde, la découverte, réveil après réveil, d’une nature qui change et se glace. En prélude au voyage, les auteurs livrent une évocation dessinée de l’histoire des conquérants du pôle, les Amundsen et Scott, et des disputes, parfois surréalistes, pour cette terre si peu anthropique. Une manière de préparer le lecteur autant qu’eux-mêmes à un voyage singulier. Puis c’est le raid, autre histoire, presque un autre album, tant les auteurs deviennent les sujets de leur propre reportage. Sur mer comme sur glace, on s’interroge avec eux, on découvre, on observe la vie de la communauté, on guette, par photographies interposées ou par un trait, l’apparition de quelque chose, un signe, dans ce grand désert blanc. Une route à la fois poétique et âpre, initiatique.

La Lune est blanche est un récit extraordinaire, d’autant plus fantastique qu’il est authentique, et décrit un monde certes lointain, certes peu accessible, mais réel, tangible. Les amateurs de grands récits et, plus largement tous ceux qui sont curieux des pôles et de ce monde si différent, les nostalgiques de Paul-Emile Victor et plus encore, tous les amateurs du 9ème art, apprécieront cet album rare, qui nous découvre un monde neuf.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 09/11/2014 )
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