|
Bande dessinée -> Policier - Thriller |
| Léo Malet Philippe Bonifay Youssef Daoudi La Trilogie noire (tome 1) - La vie est dégueulasse Casterman - Ligne rouge 2005 / 9.80 € - 64.19 ffr. / 56 pages ISBN : 2203370106 FORMAT : 22,6 x 30,3 cm Imprimer
Paris, années 20. Jean Fraiger est un truand qui, avec sa bande, sème le trouble dans la capitale, entre braquages et fusillades sanglantes. Jusquà présent, ils ont toujours réussi à échapper aux forces de lordre. Jean nest pas un tendre, bien sûr, mais on découvre très vite que sa violence a quelque chose dextrême, de quasi pathologique. Il sème la mort autour de lui, jusque chez ses « amis », avec un plaisir qui ressemble à de la jouissance. Son leitmotiv, il ne cesse de le répéter : «La vie est dégueulasse
» Au cur de son problème : les femmes. Il narrive pas à leur donner du plaisir, il ne supporte pas les conquêtes amoureuses de ses condisciples, même les prostituées lui renvoient une image de lui qui le rend fou. Il en est une pourtant quil aime damour : Gloria. Mais lorsquil aura fait en sorte que plus aucun obstacle ne se dresse entre eux, cela ne suffira pourtant pas à soigner ses névroses
La Trilogie noire est ladaptation en BD de luvre du même nom de Léo Malet. Cest Philippe Bonifay (adaptateur de la saga de science-fiction La Compagnie des glaces de Georges-Jean Arnaud, pour Dargaud) qui signe le scénario. On pourra lui reprocher davoir totalement survolé la dimension politique du personnage de Jean Fraiger et de sa « bande à Bonnot » danarchistes. Cest surtout la psychologie du personnage central qui est au centre de lalbum. Les personnages secondaires, du coup, manquent un peu dépaisseur. Même Gloria, qui devrait apparaître comme une déesse inaccessible, reste plutôt banale. Ancrée dans son époque, cette histoire lest aussi par ses références très fortes à la psychanalyse : les rêves et les fantasmes de Jean Fraiger alternent avec sa triste réalité ; sa rencontre avec un psychanalyste par lintermédiaire de Gloria est fondamentale, prélude à un épilogue tragique. Mais là encore, le scénario ne met pas vraiment cet aspect en valeur.
Au dessin, Youssef Daoudi manque dassurance pour injecter beaucoup de force à cette adaptation (malgré une très belle couverture qui rend lintérieur dautant plus décevant). Lalbum souvre dailleurs sur une vue de Paris tout à fait improbable, où la tour Eiffel semble tout droit surgie du Bois de Boulogne. Une image révélatrice de lensemble : trop approximative. Même si la lecture de l'album n'est pas désagréable, on reste donc un peu sur sa faim. Et au final, à qui pense-t-on ? A Tardi bien sûr, qui aurait donné une autre ampleur à un tel projet. Deux autres tomes vont suivre (puisquil sagit dune trilogie) : peut-être y trouverons-nous matière à davantage denthousiasme.
Anne Bleuzen ( Mis en ligne le 09/10/2005 ) Imprimer | | |
|
|
|
|