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Bande dessinée  ->  Policier - Thriller  
 

Tom est-il bon ?
Richard Marazano   Christian De Metter   Dusk (tome 1) - Pauvre Tom
Humanoïdes associés 2000 /  12.37 € - 81.02 ffr. / 56 pages
ISBN : 2-7316-1420-X
FORMAT : 24 X 32
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L'arrivée d'une nouvelle série aux Humanos est toujours attendue, pourquoi s'en cacher, avec une attention particulière. Du plus prestigieux catalogue des années 80 (Chaland, Moebius, Margerin, Clerc et tant d'autres), on ne peut s'empêcher d'espérer de nouvelles raisons de s'émerveiller. Les auteurs devraient d'ailleurs y regarder à deux fois avant de signer chez les héritiers de Métal Hurlant : il reste encore une poignée de lecteurs nostalgiques qui se sont, par habitude, par affection, approprié sentimentalement la maison et qui, en vieux propriétaires, d'autant plus procéduriers que sans autres titres de propriété que ceux conférés par un enthousiasme un peu défraîchi, regardent d'un oeil soupçonneux les nouveaux locataires. Les plafonds ne sont-ils pas un peu hauts pour eux ? Et que comptent-ils faire avec le papier peint ?

Marazano et De Metter ont pris leurs précautions : on parle d'une histoire originale, de couleurs directes, d'une bande dessinée d'ambiance. Il s'agit même d'une sorte d'hommage à Miller, laisse-t-on entendre. Mais tout est relatif : on aurait rêvé d'un Henry Miller en BD, il s'agit là d'Arthur. Soit, plutôt que l'écrivain qui érige la sexualité comme sujet de la littérature, celui qui couche avec Marilyn. Adapter Sexus ou Tropique du Cancer aurait, il est vrai, tenu de la gageure ; ici, le risque est plutôt du côté du cliché. Le scénario ne l'évite d'ailleurs pas toujours : on y découvre, entre autre, que tout n'est pas rose derrière le rêve américain, qu'on s'ennuie ferme dans les petits patelins, et même qu'il s'y passerait des choses pas très démocratiques (Strange fruits...).

Heureusement, l'histoire n'en reste pas là, et le dessinateur choisit parfois le bon prénom dans ses références : ainsi de cette vieille femme (c'est une litote) sortie dans le plus simple appareil de chez Freud (Julian, pas Sigmund). Mais pourquoi faut-il qu'elle dise de Valentino "qu'il nous rendait toutes folles" ? Le fond du propos n'est pas, ceci dit, très encourageant : les auteurs envoient trois flics fédéraux enquêter sur des disparition suspectes quelque part dans le trou du cul du monde (les géographes ne s'entendent pas toujours pour le localiser précisément, ici, c'est du côté des Etats de Washington et de l'Orégon, et c'est pas beau à voir). Bien entendu, toute la population fait bloc autour de son shérif, crapuleux à souhait (interprété, et ça n'a rien d'un rôle de composition, par Edward G. Robinson en personne).

Au total il s'avère que tout le monde est coupable ("innocent de quoi ?" disait déjà un personnage d'Eastwood), ce qui est bien pratique d'un point de vue moral et judiciaire, vu que personne du coup n'ira en prison. Il est vrai que le million sert là-bas d'unité de mesure de la population carcérale.

Le dessin et les couleurs (gouache et aquarelle) sont à l'avenant, la neige est encore plus triste que la chair, l'alcool et la fumée emplissent les pièces d'une atmosphère qu'aucun rayon de soleil ne viendra adoucir. Ne surnage que l'ébauche de cette étonnante relation entre les trois flics, tellement caricaturaux eux aussi qu'on attend avec gourmandise la suite : le vieux juif alcoolique à qui on ne la fait pas (pas le genre à voter pour Pat Buchanan), la minette lucide qui n'a pas froid aux yeux et, plus original, le jeune je-m'en-foutiste très bête (c'est encore une litote, mais c'est aussi, par cette bêtise même, le personnage le plus attachant).

Mais il reconnaît lui-même, à la fin, qu'il a beaucoup appris : la série ne risque-t-elle pas dès lors de perdre bientôt son principal argument ?


Nicolas Balaresque
( Mis en ligne le 15/12/2000 )
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