| Fred Bernard L’Homme bonsaï Delcourt - Mirages 2009 / 14.95 € - 97.92 ffr. / 128 pages ISBN : 978-2-7560-1774-7 FORMAT : 16,7x25,7 cm Imprimer
Dans une taverne de marins, un vieux loup de mer, le capitaine OMurphy, raconte une histoire. Une histoire vraie ou un conte à dormir debout, une histoire de pirates et de vengeance, une histoire damour qui finit mal, une histoire triste et philosophique
Celle de lhomme bonsaï, autrefois un potier, Amédée, enrôlé de force par le capitaine Stroke et ses pirates
Le jeune homme devient vite le souffre-douleur de léquipage, avant dêtre finalement abandonné sur une île déserte. Mais là, Amédée fait une rencontre imprévue, fantastique, celle dun arbre immense, qui va venir germer sur sa tête et le transformer en un homme bonsaï, mi humain, mi végétal, et quasi invulnérable. Découvert par un autre équipage de pirates, des chinois cette fois, soigné par un maître bonsaï, Amédée retrouve forme humaine
et lamour, sous les traits de Changaï Li, une courtisane enlevée à un chef de guerre
Et le jour où Amédée retrouve de nouveau le capitaine Stroke et son équipage, on peut dire que lheure est au règlement de comptes. Et la nature végétale simpose bientôt à lhomme bonsaï qui, en quête de sentiments forts pour le ramener du côté de lhumanité (le désir, la haine, la vengeance
), ne peut échapper à linéluctable transformation
Fred Bernard est à la fois auteur et dessinateur : un auteur inspiré, un dessinateur sympathique, un peu laborieux, qui cherche son inspiration du côté dun Christophe Blain ou dun Joann Sfar
parfois avec brio (et de belles pages, joyeusement colorées par Delphine Chedru qui donne véritablement à lalbum un supplément dâme, par son sens du contraste), parfois avec lourdeur, notamment dans la galerie de portraits, un peu maladroits. Le conte est agréable, et le capitaine OMurphy sait charmer son auditoire avec cette histoire de flibuste quun Daniel Defoe ne renierait pas. Lambiance est discrètement fantastique, vaguement érotique (les ébats entre le héros et Changaï Li ponctuent les scènes de bataille
), bizarre pour tout dire : une fable philosophique pour les grands servie par une mise en scène évoquant les contes pour la jeunesse. Plaisant.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 16/11/2009 ) Imprimer | | |