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Bande dessinée  ->  Aventure  
 

Un peu mékong sur les bords
 Guerse    Pichelin   Les aventuriers du Mékong
Delcourt - Pataquès 2018 /  18.95 € - 124.12 ffr. / 112 pages
ISBN : 9782413007753
FORMAT : 22,6x29,8 cm
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Il y a quelques années, la non-fiction était un territoire restreint en bande dessinée, cultivée par le milieu alternatif pour sa remise en cause des grandes surfaces éditoriales. Aujourd'hui que la bd-reportage est devenue un genre commercial de premier ordre, il est logique qu'elle soit à son tour sapée, troublée, parodiée. Fabaro avec Carnet du Pérou, aujourd'hui Guerse et Pichelin avec Les Aventuriers du Mékong, jouent de ce nouvel enjeu.

Mais au contraire de Fabcaro qui parodiait la forme, Guerse et Pichelin s'attaquent au fond. Ils conservent donc de leurs livres précédents techniques, univers, dialogues et trait, au point que cet album pourra être posé sans difficulté aux côtés de Amour, sexe et bigorneaux ou des Losers sont des perdants, autres riches heures de leurs doubles autobiographiques Gégé et Marco. Pourtant, quelque chose a changé, et cela se voit dès l'ouverture de l'album. Les provocateurs alternatifs sont passés des Requins Marteaux à Fluide Glacial, et arrivent maintenant chez Delcourt. Peut-on débarquer ainsi chez les gros éditeurs sans changer de discours ? La séquence d'entrée prend le problème de front, en montrant les dessinateurs renvoyés de Ferraille illustré et obligés de se reconvertir dans les genres à la mode, pour un voyage au Laos en l'occurrence. Une façon de retourner la situation et de se présenter, une fois de plus, en losers plutôt qu'en golden boys.

Cette ironie permanente transparaît à chaque instant du voyage. Ce qui compte ici, ce n'est pas le Laos, comme dans toutes ces bd de non-fiction où le seul objectif est de rendre compte d'un réel. Ici, la fiction l'emporte. On ne sait pas ce qui est vrai, mais pour tout dire, on s'en moque. C'est l'œuvre qui s'enrichit du voyage plus que l'inverse. Et plus on avance, plus le récit bascule dans le loufoque : si on devine de vraies anecdotes derrière le voyage en avion ou les achats au marché, on ne sait vite plus quelle base réelle supposer aux aventures délirantes dans lesquelles les entraîne le canard Milou. La parodie passe ainsi du reportage au récit d'aventure, sans nous prévenir. Et la vie de Marco et Gégé s'enrichit au passage de suspense, comme elle avait déjà gagné en humour et en exotisme.

Le voyage, ici, n'est pas une découverte de l'autre, mais bien une rencontre avec le même. Les deux héros passent leurs journées à boire de la bière, comme ils le faisaient déjà au bar de chez Philippe, à la seule différence que la bière est maintenant laotienne. Si le périple est riche en rencontres, elles se feront d'ailleurs surtout avec d'autres français, tout aussi individualistes qu'eux – quant aux personnages secondaires, laotiens ou animaux, ils reprennent les mêmes habitudes de prendre l'apéro en rigolant et de s'exclamer « on est bien, là. » Les séquences animales évoquent ainsi les pages de Vermines, l'autre série de Guerse et Pichelin.

On en apprend, pourtant, sur le Laos. Un peu de son histoire, un peu plus de ses traditions et de sa géographie. Le carnet de voyage qui sous-tend l'album effleure par moments, revivifié par la chaleur du dessin de Guerse, qui parvient parfaitement à allier la précision du décor et la souplesse de la caricature. Le plaisir de la bande dessinée est bien là, rempli d'impertinence.


Clément Lemoine
( Mis en ligne le 01/11/2018 )
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