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Bande dessinée -> Aventure |
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Soledad, pirate andalouse | | | Sylviane Corgiat Christelle Pécout Lune d'ombre (tome 1) - La pirate andalouse Les Humanoïdes associés 2004 / 12.60 € - 82.53 ffr. / 48 pages ISBN : 2-7316-6288-3 FORMAT : 24 x 32 cm Imprimer
Cest une histoire de femmes. Une femme la écrite : Sylviane Corgiat. Une femme la dessinée : Christelle Pécout. Une femme la coloriée : Delphine Lacroix. Une femme en est lhéroïne : Soledad Carmina y Maria del Carmona. Mais bien des hommes trouveront du plaisir à la lire.
Soledad est née à Medina Sidonia, un village dAl-Andalous, à la fin du XIIe siècle. Mère à seize ans, sa vie bascule lorsque, prenant le bateau avec son tout jeune fils pour rejoindre son mari dont elle vient dapprendre la mort, elle est faite prisonnière par des pirates sarrasins commandés par le terrible Ibrahim. Si elle nest pas violée, cest quelle a eu la présence desprit de se faire couper les cheveux et de se déguiser en homme, juste avant labordage. En revanche, son fils, lui dit-on, a été jeté vivant par-dessus bord.
Utilisée comme esclave pour participer à lassèchement de marécages salés dans la basse Mésopotamie, elle est repérée, alors quelle prie en latin, par lastrologue du sultan Ibn al-Mutarif, qui compte utiliser ses compétences linguistiques pour ses recherches. Elle échappe ainsi à lesclavage le plus rude, sans pour autant gagner la liberté, dautant que le sultan, qui saperçoit quelle est en réalité une femme, la veut dans son harem. Néanmoins, à la veille de sa première nuit avec le sultan, Soledad réussit à senfuir. Cette histoire est décidément très chaste.
Dire ce qui se passe au moment de sa fuite serait révéler le secret de Lune dombre. On retrouve Soledad, quelques années plus tard. Elle est devenue «lAndalouse». Lintrigue de lalbum est bâtie autour de cette «Andalouse» nantie de pouvoirs magiques, régnant sur un équipage de pirates des alentours de lan 1200, avec des flash-back qui viennent expliquer comment elle en est arrivée là. Soledad a pour principale raison de vivre la vengeance, qui la pousse à rechercher le terrible Ibrahim. On imagine que les albums suivants seront plus explicites sur la fin dramatique de son fils (que lon na pas vu mourir), voire sur celle de son mari.
Le dessin de lalbum est très classique. Les cours arabes renvoient aux illustrations des Mille et une nuits, celles des ponts des bateaux nont rien de très original. Les plus belles vignettes sont probablement celles qui représentent des paysages terrestres, telle celle qui représente la ville de Marhaga, où lastrologue du sultan emmène Soledad. Quant aux personnages, on peut leur reprocher leurs postures un peu figées : Christelle Pécout peine un peu, semble-t-il, à rendre le mouvement, ce qui donne un aspect étrange aux scènes daction, comme suspendues.
Reste quil est astucieux de situer une histoire dans cet espace et dans ce temps qui intéresse peu les auteurs de bande dessinée : la Méditerranée du Moyen Âge, à lépoque de la lutte entre les Francs et les Arabes, pour une fois sans centrer le propos sur les sempiternelles Croisades. Cest ici le monde arabe et celui de lal-Andalus qui sont les véritables héros du récit. Bonne idée, donc, même si on ne comprend pas très bien cet ukase de la première page : «1193, cest aussi lan 589 de lHégire, le calendrier musulman». LHégire commence en 622 ; lan 589 de lHégire, cest donc lan 1211 du calendrier chrétien, non ?
Sylvain Venayre ( Mis en ligne le 03/04/2004 ) Imprimer | | |
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