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Joyeux panorama
Thierry Groensteen   Parodies - La bande dessinée au second degré
Skira Flammarion 2010 /  32 € - 209.6 ffr. / 236 pages
ISBN : 978-2-0812-4566-2
FORMAT : 17,6x24,6 cm

Ouvrage publié à l’occasion de l’exposition"Parodies: la bande dessinée au second degré", présentée à la Cité de la bande dessinée et de l’image à Angoulême, du 4 janvier au 24 avril 2011.
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L’ouverture du 38ème festival d’Angoulême coïncide avec les premiers jours d’une grande exposition installée dans les salles de la Cité de la bande dessinée : « Parodies : la bande dessinée au second degré ». Et c’est le commissaire de l’exposition, Thierry Groensteen, qui nous convie à prolonger (ou anticiper) la visite grâce à ce bel ouvrage, étude fine et complète d’un phénomène qui, tellement présent, en finissait par devenir invisible. Plus qu’un catalogue d’exposition, c’est donc un véritable essai, historique, esthétique et ludique que nous propose ici Thierry Groensteen.

L’auteur revient d’abord aux sources du genre, commençant son livre de manière très pédagogique et chronologique. Töpffer, le précurseur, est naturellement convié. Lui qui est souvent cité comme « l’inventeur de la bande dessinée », est aussi l’un de ceux qui ouvre les hostilités parodiques, suivi par Cham ou Gustave Doré. La bande s’attaque ici, déjà, à des œuvres littéraires de l’époque, à des mythes antiques ou à des genres.
Dans le même temps, Groensteen fait l’inventaire des procédés parodiques utilisés en bande dessinée. Façon simple et claire de mettre dès le début de l’ordre dans ce joyeux capharnaüm.
Plus tard, ce sont les figures de l’enfant et de l’animal qui sont mises en avant. Particulièrement prisés, ces stéréotypes graphiques seraient les acteurs de récits par essence parodiques. C’est aussi l’occasion d’évoquer l’univers Disney et des multiples casquettes portées par Mickey au fil des années. Plus tard dans son livre, Groensteen reviendra sur Disney, cette fois devenue la cible privilégiée des parodistes et autres trouble-fête.

La bande dessinée américaine est toujours en première ligne puisque vient l’époque de Mad, magazine culte où la parodie est reine et où tout passe à la moulinette de la dérision. Groensteen se livre à une étude détaillée de l’évolution du magazine, de ses différentes directions et des auteurs qui y ont œuvré.
Le troisième chapitre est réservé au monde des super-héros. Une fois passée une diatribe un peu vacharde (« une littérature difficile à prendre vraiment au sérieux, une fois passé le stade de la pré-adolescence »), l’auteur se plaît à recenser moult essais parodiques (et dieu sait qu’il y en a), autour de Superman et autres acolytes en collants, terminant son tour d’horizon par, étrangement, un petit couplet sur Watchmen, comme pour montrer que le genre n’avait été que parodique avant de devenir modèle.
Gotlib est le premier et le seul auteur à avoir droit à un chapitre à part entière. Il faut dire que le dessinateur de Gai-Luron et de la Rubrique-à-brac à fait, tout au long de sa carrière, de la parodie l’un de ses moteurs, comme le remarque Groensteen. Celui-ci examine à la loupe plusieurs planches, notamment celles parfois oubliées dans la masse, de Gai-Luron. Si Gotlib s’en sort d’abord avec les honneurs, ses derniers travaux sont sévèrement – et sans doute injustement penseront certains – égratignés par l’auteur.
Le chapitre suivant traite de l’époque des Crumb, Shelton, mais aussi des parodies érotiques et autres contrefaçons pornos. Le personnage de Tintin est ensuite scruté : cible privilégiée, mythique et en même temps toujours fuyante (les parodies officielles et autorisées se comptent sur le doigt d’une main). C’est le moment où l’historien sort de sa bibliothèque des livres rares, des opuscules inconnus, des publications dont on pouvait encore douter de l’existence ! L’essai évoque autour de ces deux chapitres les histoires de procès et de plagiats qui ont, évidemment, suivi les exercices parodiques pas toujours au goût de tout le monde.
La parodie de genre est ensuite mise en avant, et même si Groensteen touche un mot ou deux de plusieurs variétés de récits, c’est le western qui est privilégié.
Le chapitre suivant (« De quelques procédés remarquables ») est peut-être celui qui s’aventure le plus loin du terrain habituellement connu de la parodie, mais il n’en demeure pas moins source d’enseignements sur les multiples visages portés par la bande dessinée, et des différents mouvements (le lettrisme, l’Oubapo…) qui se sont emparés du medium.
Comme pour boucler, au final, un parcours faussement chronologique, Groensteen termine son étude par « quelques tendances contemporaines » : F’Murr, Larcenet, Goossens… sont ainsi mis sur le devant de la scène. Quant au dernier chapitre, petite cerise, il aborde astucieusement quelques exemples d’autoparodie : on revient sur des auteurs chers à Groensteen : Hergé, Moebius, mais aussi Chris Ware et George Herriman.

Tout au long de l’ouvrage sont donc passés en revue, minutieusement, les différents visages de la parodie : celle qui s’attaque à un roman, un film, un personnage… ou plus généralement un genre ou la bande dessinée elle-même.
Comme toujours dans les essais de Groensteen, l’érudition n’est jamais prise à défaut et la somme d’exemples, parfois dénichés on ne sait où fait tourner la tête du bibliophile. Passionnant de bout en bout, érudit, complet, le livre ne passe pas à côté du sujet et l’on regrettera juste, au final, le nombre d’illustrations finalement assez chiche (l’auteur explique que toutes les illustrations demandées n’ont pu être obtenues), plusieurs exemples cités dans le texte n’ayant pas de contrepoint visuel. Pour le reste, nous sommes là devant un panorama clair et dégagé du paysage parodique, l’occasion d’admirer de biens beaux sites. C’est aussi une opportunité de mettre à l’honneur une fois de plus, la bande dessinée comme un art à part entière, en s’éloignant des sentiers battus et des idées rabâchées.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 18/01/2011 )
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