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Bande dessinée  ->  Adaptation  
 

Dans les bas-fonds
Riff Reb's   Le Vagabond des Etoiles (première partie)
Soleil - Noctambule 2019 /  17.95 € - 117.57 ffr. / 96 pages
ISBN : 978-2-302-07781-2
FORMAT : 27x16 cm
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Cette dernière décennie a vu Riff Reb’s s’installer dans le palmarès des bédéistes les plus attendus : sa trilogie marine, dans laquelle il adaptait Mac Orlan, Stevenson et, déjà, London, a justement marqué les esprits. Poursuivant son travail sur l’adaptation littéraire et sur la période charnière entre dix-neuvième et vingtième siècle, le dessinateur s’attache désormais à un décor carcéral, le temps d’une adaptation en deux tomes du Vagabond des étoiles.

Dans ce roman, Jack London s’attaquait frontalement à la problématique des prisons et au sort des détenus – le livre fit grand bruit et contribua à changer certaines réglementations. Toute la vie de l’écrivain, depuis ses aventures comme vagabond du rail jusqu’à ses écrits socialisants en défense des pauvres de Londres, va dans le même sens : il ne faut pas croire que la société capitaliste, dans sa redistribution des richesses, parvient à la justice et à l’émancipation. Le combat socialiste, l’espérance de l’avènement d’une nouvelle société selon les vues d’Herbert Spencer, font donc partie des postulats du Vagabond des étoiles, qui oppose la machine répressive aux braves rêveurs en tenue de prisonniers. On retrouve dans l’adaptation de Riff Reb’s cette volonté de dénoncer l’injustice d’une autorité toute-puissante, sûre d’elle-même, qui délivre le traître et accuse l’innocent. Qu’importe le crime du colérique Darrell Standing, il n’est pas ici question de rédemption mais du sort d’un homme livré à la violence de ses bourreaux. Inversant les rôles, Riff Reb’s construit un trombinoscope des prisonniers au destin tragique alignés comme des martyrs. Il n’est pas interdit d’y trouver des échos des autoritarismes contemporains, de la même façon que les récits enchâssés, malgré leur exotisme, permettent d’évoquer la critique de la religion ou la défense des migrants.

Mais ce qui frappe dans Le Vagabond des étoiles, au-delà du plaidoyer social, c’est cette évocation fantastique du rêve de la réincarnation. Standing voyage de corps en corps et de vie passée en vie passée. Riff Reb’s y trouve l’occasion de s’exercer à des décors très différents et de rendre compte du Paris du dix-septième siècle ou de l’Amérique des pionniers. Cette culture de la mise en abyme nous promène dans le livre à coup de récit dans le récit, sans suivre un chemin tout tracé. Le lecteur se perd donc avec joie dans un élégant labyrinthe ou la sensation de déjà-vu alterne avec le coup de théâtre.
Riff Reb’s utilise toutes les cordes à son arc pour s’approprier le texte. Les couleurs sont superbes, comme toujours, pensées par double page et en fonction des changements d’époque : elles diluent un sentiment d’obscurité qui n’est pas pour rien dans la restitution de l’ambiance de la prison. En revanche, la partie métaphysique n’est pas celle qui s’accorde le mieux avec le concret de son trait ; mais certaines abstractions dont London fait l’éloge, notamment l’amour imaginaire de la femme désirée, s’accommodent plus facilement du jeu des ombres et des drapés voluptueux, de sorte que l’ensemble se fait évocateur.
La narration, surtout, est pensée avec justesse. Les images travaillent avec le texte, y compris lorsque c’est contre lui. Par leurs contradictions, l’alignement des ruptures visuelles et syntaxiques ou le spectaculaire d’un découpage, Riff Reb’s nous donne à lire London.
Une lecture de premier ordre.


Clément Lemoine
( Mis en ligne le 14/10/2019 )
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