| Stanislas Gros Marie Galopin Le dernier jour d'un condamné, de Victor Hugo Delcourt - Ex-Libris 2007 / 9.80 € - 64.19 ffr. / 48 pages ISBN : 978-2756005331 FORMAT : 22,6x29,8 cm Imprimer
La collection Ex-Libris nen finit pas dadapter, au goût du jour et des amateurs de bande dessinée, les classiques de la littérature : après Robinson Crusoé, Les Trois Mousquetaires ou Oliver Twist
voici ladaptation de lun des classiques de Victor Hugo, mais pas forcément le plus attendu. Le dernier jour dun condamné est en effet un texte original dans luvre hugolienne, à mi-chemin entre lessai engagé, le roman militant et le plaidoyer
et pour être franc, ce nétait pas forcément le plus évident à adapter. En effet, il sagit, pour le résumer, dun monologue avec la mort, voire dun soliloque. Le « héros », condamné à mort, découvre lunivers carcéral, la chaîne des bagnards, le « couloir de la mort » et ses prédécesseurs, ainsi quun successeur, plutôt bon enfant. Le lecteur chemine donc aux côtés du condamné, depuis le procès, en flash-back, jusquau face à face avec la guillotine. Chaque étape est évoquée, avec une certaine sobriété, bien plus efficace que tous les discours : petit homme écrasé par son crime, le condamné pourrait être nimporte qui. Et le monologue du condamné devient dialogue : passant de laccablement à lassurance, de la crainte au désespoir, le condamné traverse tous les états en somme.
Stanislas Gros a indéniablement du talent, un talent pétri dinfluences diverses : Joann Sfar, David B. sont les deux noms qui viennent immédiatement à la lecture de ce bel album. La mise en scène est du reste des plus réussies : la mort, sobrement figurée en une ombre noire doù émerge une tête de mort, plus ou moins silencieuse, veille sur le condamné comme sur son enfant, figure à la fois menaçante, ironique et quasi maternelle. Le condamné, à lallure gentille, semble incapable dun crime : ses pensées ne vont quaux siens et à leur destin. Linhumanité ne réside dailleurs pas dans les hommes : ni les hommes de lois, les juges, les policiers, le bourreau même (très doux) ne sont des monstres, pas plus que les autres prisonniers
cest la sanction seule qui est dénoncée, ses conséquences et la foule en général, qui peut se divertir dun tel spectacle. Subtilement, et avec laide de Marie Galopin aux couleurs, Stanislas Gros a su interpréter le texte de Hugo autant que le mettre en scène, jouant autant des couleurs (et particulièrement du noir) que des formes pour donner à ce reportage réaliste une allure quasi fantastique, surnaturelle. Un premier album qui est une vraie réussite et qui renouvelle un texte peut être un peu oublié.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 27/06/2007 ) Imprimer
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