|
Bande dessinée -> Humour |
| Raoul Cauvin François Walthéry Le Vieux Bleu Dupuis 2008 / 15 € - 98.25 ffr. / 48 pages ISBN : 978-2-8001-4237-1 FORMAT : 21,8x30 cm Imprimer
Raoul Cauvin est un routier de la bande dessinée belge : quasiment un symbole des éditions Dupuis, chez qui il a fait toute sa carrière, et qui en ont fait leur scénariste phare depuis trois décennies : Les Tuniques Bleues, Les Femmes en blanc, Pierre Tombal... Ce nest pourtant pas un auteur des plus révolutionnaires ; mais son travail du gag a inspiré une bonne partie des scénaristes de Spirou Magazine plusieurs générations durant.
On naime pas forcément Raoul Cauvin, dont les gags sentent souvent le formatage, avec des chutes prévisibles et des dialogues à rallonge. Pourtant, à côté de ses best-seller, des séries parfois usées jusquà la corde, Cauvin a réalisé tout au long de sa vie quelques petites surprises, dont la dernière en date, Coup de foudre, est dessinée par David Dethuin.
Pour fêter les 70 ans du monsieur, les éditions Dupuis ont décidé de publier quatre « trésors » de sa carrière. Et en particulier ce Vieux Bleu, une courte série dessinée par Walthéry dans les années 1970, et depuis longtemps disparue du catalogue de la maison.
La dimension nostalgique est double. Car pour Walthéry et Cauvin, dès la première publication dans le journal de Spirou, il sagissait de faire référence à un passé disparu. Officiellement, le village du Vieux Bleu na ni date, ni localisation géographique : on y parle du grand prix dAngoulême comme de celui de Barcelone. Mais en réalité, il sagit bel et bien du Lièges de lentre-deux-guerre, juste avant la naissance des deux auteurs.
Trois colombophiles sy disputent la gloire des courses de pigeons : Jules et Émile, deux fermiers sanguins, et le curé local, tout aussi acharné malgré sa bonhomie. Les héros sont loin des clichés de lépoque : Jules arbore fièrement une moustache de patriarche et un très sale caractère qui détonnent dans le journal de Spirou. Rien détonnant donc à ce que la série ait vécu à un rythme ralenti, sur la base dun récit annuel.
Le Vieux Bleu est aussi étonnant pour un ton que la bande dessinée jeunesse nexploite pas souvent dans les années 1970, et qui continue à se faire plus rare que dans la bande dessinée adulte : un goût pour le quotidien et pour le travail dambiance.
Poste à galène, tromblon, pipe au bec et poste à galène : nous sommes dans un autre temps, où le progrès et la guerre semblent ne pas exister. Avec un brin dironie toutefois, puisque la paix ne dure jamais longtemps. Le manège à trois de Jules, Émile et du curé joue aux variations des alliances, des contre-alliances et des réconciliations finales. Une imagerie de la querelle de clocher, quelque part entre Clochemerle et Don Camillo.
On retrouve la tendance de lépoque dans le nécessaire happy end final, qui réunit nos trois concurrents (pour un temps). Ainsi de cette scène savoureuse, dans le dernier épisode, où les trois compères chamboulent joyeusement la messe pour rattraper un pigeon, enfin unis et vainqueurs dans la course.
La série na pas vécu assez longtemps pour tomber dans la routine. Il en reste un témoignage frais qui sent bon lépoque où on savait être nostalgique.
Clément Lemoine ( Mis en ligne le 28/11/2008 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:Les Grandes Amours contrariées de Raoul Cauvin , Bercovici | | |
|
|
|
|