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| Bande dessinée -> Humour |
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Sage comme une image sage | | | Michel Plessix Le Vent dans les Sables (tome 5) - Du Souk dans la Casbah
Delcourt 2013 / 12.50 € - 81.88 ffr. / 32 pages
ISBN : 978-2-7560-2801-9
FORMAT : 26x30 cm
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Au bout de dix ans, Michel Plessix met un terme aux aventures des animaux du Bois Sauvage en Afrique du Nord. Sans forcément les quitter, car il nous annonce de nouveaux récits une fois chacun rentré chez soi.
Après les quatre volumes du Vent dans les Saules et les cinq du Vent dans les Sables, Michel Plessix aura passé bien plus de temps en compagnie de la petite troupe que Kenneth Grahame, leur créateur. Taupe, Crapaud, Rat et Blaireau n'ont plus de secrets pour lui. Et il leur a autant imaginé de nouvelles aventures que celles qu'ils avaient vécues à l'origine.
Au bout de ce cinquième et dernier tome, on peut faire le bilan de la réinvention incontestable d'un classique de la littérature jeunesse anglaise. Plessix lui a apporté une atmosphère chaude et généreuse, un dessin hérité de Disney et de l'illustration victorienne, riche en souvenirs d'enfance. Ici, les images fourmillent de rondeur, les gros visages dominent sur des petits corps, les grimaces mêmes sont joyeuses. Mais désormais scénariste, le dessinateur a également revitalisé la thématique d'origine.
Le Vent dans les Saules dressait le portrait bucolique d'un foyer confortable, le sentiment d'appartenir à un lieu et de ne pas vouloir le quitter. Mêmes les soupçons d'angoisse que distillait Grahame en mettant en scène la modernité ne nous parlent plus de la même manière : la voiture, l'avion sont assez entrés dans notre quotidien pour que le livre ne contienne plus autre chose qu'un concentré d'enfance. En déplaçant le cadre du récit de la campagne anglaise vers une casbah du Maghreb, Plessix recrée un peu de cette inquiétude étrange qui devait envahir les observateurs des premières automobiles. Comme les habitants du début du vingtième siècle, nous devons nous confronter à nos peurs et les dépasser pour vivre entre deux eaux. Soufis, danse orientale et terrasses sont du voyage ; mais surtout les petits cafés où on parle de la vie. « Se retrouver et bouffer, c'est tout ce qu'ils savent faire dans cette histoire. »
Cette bande est sage, dans les deux sens du mot. Parce qu'elle convoque l'esprit de la philosophie et le goût de méditer, avec quelques amis. Et parce qu'elle ne fait pas de bêtises, respecte les règles des adultes et grandit paisiblement.
Pour boucler son cycle, Plessix rassemble les pistes tressées au fil des quatre épisodes précédents. Elles sont nombreuses, mais ne l'empêchent pas d'apprécier le chemin parcouru. Des détails surprenants, des dialogues travaillés, des références à Tintin au pays de l'Or noir, aux Monty Python, aux Tontons flingueurs ou à Cyrano de Bergerac, mais aussi, plus simplement, le goût de chaque case. Bien loin des principes de l'efficacité ou de la rapidité, le dessinateur se donne à fond dans chaque trait, dans chaque décor, et nous apprend finalement le plaisir de l'instant présent. Le découpage est pourtant vivant, alternant les très gros plans, les plans fixes, les plans d'ensemble, les bandes horizontales et les vignettes verticales. On en ressort plus serein, et peut-être plus joyeux.
Clément Lemoine
( Mis en ligne le 03/06/2013 )
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